Maltraitance des femmes: L’expérience du Centre d’Accueil des femmes victimes de violence   
10/03/2009

Le Centre d’Accueil et d’écoute des femmes victimes des violences d’Arafat situé au «Poteau 6» organise du 08 au 12 mars,  des manifestations de sensibilisation des femmes au Centre Culturel Français (CCF) et à son siège à Arafat.



Sous l’égide de sa présidente, Mme Siniya Mint Mohamed Saleck, ce centre qui a formé des volontaires femmes appelées « points focaux » pour relayer le travail dans les 9 moughataa, a enregistré au cours de l’année 2008, 108 cas de femmes victimes de violence et autres formes de discrimination. Des cas qui, selon la présidente, ont trouvé tous des solutions avec l’appui des autorités compétentes comme les Cadis, les commissaires de Police dont celui de Teyarett, M. Ismaël Ould Hassen qui n’a ménagé aucun effort pour aider ce centre dans ses Å“uvres. Le Centre travaille également avec l’appui d’un avocat Me Bezeid Ould Mohamed El Malick qui a accepté de collaborer  pour défendre les victimes, mais que « nous payons sur fonds propres du Centre».
Il faut souligner que ce Centre à vocation sociale Å“uvre pour la sensibilisation sur les droits des femmes, sur le code du statut personnel, sur le VIH/SIDA mais aussi pour le renforcement des capacités de gestion des femmes, et l’encadrement des enfants en difficulté. Il lutte également contre la pauvreté et les violences perpétrées à l’égard des femmes. Selon sa présidente, le Centre a été créé en janvier 2008 pour aider les femmes victimes de violences. Il  est affilié à l’AFCF que dirige Mme Aminettou Mint El Moctar. Le principal bailleur de fonds , révèle Mme Siniya est l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique qui soutient en permanence le Centre. C’est ainsi ajoute-t-elle que  nous avons reçu ici des femmes victimes de violences sous toutes ses formes, jetées dans la rue avec leurs enfants sans aucune ressources.. «Même si nous n’avons pas fait assez de formation pour les femmes du centre et les victimes, nous avons quand même fourni des efforts en matière d’assistance des femmes. Nous les avons orientées vers les Cadis, le département de la condition féminine, vers le procureur au besoin pour trouver une solution », renseigne-t-elle. C’est ainsi que les 108 cas enregistrés ont été, selon la présidente, tous résolus.
Cependant, Mme Siniya a déploré le manque d’assistance de certains commissaires de Police, notamment celui de Tevragh-Zeina I tandis que d’autres sont encore réticents. Toutefois, elle a adressé des correspondances aux autorités compétentes, comme le ministère de la Justice, la direction régionale de la sûreté en vue de les amener à collaborer avec le Centre et pour atteindre leurs objectifs. C’est dans ce cadre que le Centre lutte pour l’application des lois contre la discrimination et les violences des femmes. « Nous voulons résoudre les problèmes des femmes en rapport avec le droit. C’est pourquoi, nous faisons des formations, des sensibilisations pour que les femmes sachent leurs droits et leurs devoirs » explique-t-elle.
La présidente du Centre a également déploré le manque d’assistance du Ministère de la Condition Féminine. Un département censé soutenir les femmes mais dont l’action laisse à désirer alors que le Centre continue d’enregistrer des victimes. D’ailleurs, pendant que les femmes célèbrent le 08 mars, trois victimes se sont présentées au Centre. Mme Fatou Sy, (notre photo) battue des suites d’un problème conjugal par son époux A.S. s’est présentée avec un nez cassé et des traces de blessures sur le dos et ce, après 9 ans de mariage avec 3 « bouts de bois de Dieu ». Mme Fama Bâ, mariée à un Sénégalais, a eu un bras fissuré et souffrait de douleur après avoir subi une violence physique. Son mari, B.D., s’est enfui au Sénégal. La troisième victime, Mme Fatimétou Mint Hmeida n’a pas été battue par son mari mais elle se plaint d’un problème d’héritage. Cette dernière a déclaré qu’un homme les a arrachés le terrain de leur défunt père qu’elle se bat  sans succès pour le récupérer.
Toutes ces victimes ont porté plainte avec le soutien  du Centre d’accueil d’Arafat. Il faut souligner aussi que la célébration du 08 mars 2009 en Mauritanie revêt en caractère particulier. Les femmes activistes mauritaniennes restent déterminées à valoriser la campagne pour mettre  terme à la discrimination et aux violences faites aux femmes. Pour ce faire, Madame Aminetou Mint El Malick et les femmes disent être prêtes à organiser des manifestations, des sit-in, des marches en vue d’obtenir des autorités mauritaniennes la levée de la réserve sur l’article 16 de la CEDEF et l’émancipation de la femme mauritanienne.
Ibou Badiane


 


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