Interview Amadou Niang dit Modou:«L’entraînement physique m’avait handicapé dans la gestion des équipes»   
01/03/2009

Le football mauritanien a toujours produit des talents et non des moindres. Des joueurs aux arbitres en passant par les entraîneurs. Ceux-là qui font encore la fierté de la Mauritanie même si le pays n’a pas encore participé à une phase finale de coup d’Afrique. Amadou Niang dit Modou, est parmi ces techniciens qui travaillent et se battent pour hisser le niveau du football mauritanien.



La quarantaine révolue, Modou qui fut joueur dans les années 80, a très tôt abandonné la pelouse pour s’occupait de l’encadrement technique des joueurs. C’est ainsi qu’il débute une carrière d’entraîneur en 1996/97 avec une équipe de quartier à Sebkha qu’il est parvenu à faire monter en D2, puis en D1. Cette équipe, la Nasr de Sebkha que tout le monde sportif connaît bien grâce à ses prestations et son riche palmarès qui n’a de secret pour personne.
Aujourd’hui, Modou fait partie des meilleurs entraîneurs de ces 10 dernières années et les plus populaires en termes de résultats. Avec la Nasr de Sebkha, notre entraîneur a obtenu 2 titres de champion en D2, 3 titres de champion en D1 dont un avec la Mauritel et deux fois vice-champion de D1 toujours avec la Nasr. Cependant, notre technicien a connu, selon lui, une des plus mauvaises saisons avec le club d’El Ahmedi l’année dernière en obtenant la 3ème place au classement final de la saison.
Cette année, Modou se voit confier l’équipe du Fc Khaïry rebaptisée Fc Tevragh-Zeina par l’un de ses meilleurs amis du moment, Moussa Ould Khaïry, ce féru du sport roi dont les ambitions pour son club ne sont qu’un secret de polichinelle. Les deux hommes dont l’amitié remonte à plusieurs années, ont scellé un pacte immuable pour faire de ce club, l’un des plus en vues de la D1.
Dans l’entretien qui suit, notre technicien revient sur son stage effectué à Dakar auprès des experts sénégalais en la matière, mais aussi sur son parcours d’entraîneurs et ses ambitions pour l’année sportive en cours. Il s’est prononcé aussi sur la situation du football mauritanien.
Entretien.
 
 
Tahalil Hebdo : Pouvez-vous revenir brièvement sur votre stage de perfectionnement effectué pendant les vacances d’été à Dakar ?
 
Amadou Niang dit Modou :
Mon stage s’est effectué en deux phases. La première consistait à faire une observation du travail des techniciens Sénégalais de haut niveau dans leurs clubs respectifs, dans leurs écoles de football et centres de formation. Je les ai côtoyés durant ce moment et cela m’a beaucoup servi. Pour la seconde phase, j’ai eu à faire des séances de travail avec le Directeur Technique National M. Amsata Fall et certains de la direction technique nationale. Ils m’ont aidé à participer à un stage d’entraîneurs de premier degré qui se déroulait à Dakar au moment de mon séjour. J’ai bénéficié d’une bonne expérience que je n’avais pas depuis que je suis entraîneur. C’était pour moi une opportunité d’aller voir au Sénégal qui est un pays très avancé par rapport à ce que nous faisons.
 
T.H : Concrètement qu’est-ce que vous avez pu tirer profit des experts sénégalais?
 
A.N.M. :
La première expérience que j’ai tirée de ce contact, c’est au niveau de la gestion d’une équipe. C’est-à-dire comment gérer une grande équipe. Avec les experts que j’avais côtoyés comme Amsata Fall, Lamine Dieng et Ablaye Sarr, ils m’ont donné de bons conseils et m’ont orienté dans le sens où vraiment je savais que l’expérience me manquait. D’un autre côté, c’était l’entraînement physique. A vrai dire, je n’avais pas de notions dans ce domaine. Ce qui m’avait handicapé dans la gestion des équipes que j’avais auparavant. J’étais claire avec eux en leur expliquant mes forces et mes faiblesses depuis le début de ma carrière d’entraîneur. Ils m’ont aidé et m’ont beaucoup encouragé à aller de l’avant. J’ai profité de tout cela et je sais que maintenant j’ai beaucoup évolué à ce niveau par rapport aux années passées.
 
T.H.: Justement. Par rapport aux années passées, pouvez-vous revenir sur votre carrière d’entraîneur ?
 
A.N.M
: Ma carrière d’entraîneur a débuté en 1996/97, juste après que j’aie laissé le football pour des raisons professionnelle et de famille. Je travaillais et m’on emploi de temps ne me permettait pas d’évoluer dans ce sens. Cependant, comme j’ai opté pour le football, j’ai décidé de me lancer dans cette profession. Même lorsque j’étais joueur, je faisais parfois office d’entraîneur. Je jouais en même temps je dirigeait les entraînements. L’une des raisons qui ont fait que je n’ai pas beaucoup joué en championnat de Mauritanie parce que j’aimais diriger.
Donc en 1996, je dirigeais déjà une équipe de navétane au 5ème arrondissement. C’était une équipe d’amis de quartier. Nous y avons évolué et nous avons joué le tournoi intersaison, le tournoi du District ainsi de suite. C’est de là qu’est né Keur Aïda qui est finalement devenu Nasr de Sebkha que tout le monde connaît ce qui s’est passé.
 
T.H. : Qu’est-ce qui s’est passé réellement avec la Nasr ?
 
A.N.M.:
C’est une vielle histoire. La Nasr est une équipe qui m’a lancé dans ce que je fais. J’ai beaucoup travaillé avec les gens qui étaient avec moi. Avec qui nous avons joué l’intersaison, le tournoi de la zone A, le tournoi du District, la montée en D2 et en D1. Nous avons gagné tous les trophées au niveau national et nous avons participé à trois reprises aux compétitions internationales, notamment la coupe Caf, la coupe Arabe et la champion’s league. Mais ce qui s’est passé c’est une longue histoire que je ne souhaite pas y revenir. La Nasr est une équipe qui m’a beaucoup marquée et que je suis loin d’oublier.
 
T.H.: Aujourd’hui, avec l’expérience que vous avez acquise à Dakar par le truchement de votre stage de perfectionnement, vous voilà confier l’équipe du Fc Khaïry rebaptisé Fc Tevragh-Zeina, une formation qui a beaucoup peiné l’année dernière. Comment comptez-vous faire pour booster l’équipe aux rangs les plus honorables même si vous n’arriverez pas à prendre le championnat ? Quels sont vos secrets ?
 
A.N.M
.: J’ai été choisi par le président de l’équipe qui est un ami de longue date et qui avait cherché à ce que je travaille avec lui. Je sais qu’il a confiance à mon travail et à mon expérience. Car, depuis que je suis entraîneur, j’ai été toujours présent dans le championnat avec les équipes que je dirigeais ; soit je suis champion ou vice champion. La seule année où j’ai considéré que j’ai fait une mauvaise saison, c’est l’année dernière avec l’équipe d’El Ahmedi où nous étions classés 3ème au classement général. Certes, c’est compte tenu de toute cette expérience que le président Moussa Khaïry a eu confiance en moi pour me confier l’équipe cette année et relever le défi qu’il a pris.
 
T.H.: Vous comptez aussi mettre à profit votre expérience acquise à Dakar ?
 
A.N.M.:
Effectivement. C’est d’ailleurs ce qui facilite mon travail surtout les conseils que j’ai reçus des experts sénégalais. Jusqu’ici je suis toujours en contacts avec eux pour leur demander ceci ou cela qui pourrait m’aider à booster l’équipe que je dirige. Je les rends compte périodiquement de mon travail, de mes difficultés et je sais qu’en procédant ainsi, je pourrais faire mieux pour cette équipe.
 
T.H.: Vous êtes l’un des entraîneurs qui ont traîné un peu partout leur bosse dans des équipes de D1. Votre expérience de ce mécénat ?
 
A.N.M
.: C’est vrai, je suis passé un peu partout dans des équipes de D1. Je n’ai pas regretté de ce compagnonnage que je peux considérer comme fructueux. Je n’ai pas regretté non plus de les avoir quitté. Parce que tout cela, c’est de l’expérience que j’ai acquise de manière différente. Avec la Nasr c’était un début de carrière. Mais avec la Mauritel, j’ai montré que je pouvais aller loin dans mon métier. Ensuite, c’était avec El Ahmedi. Mais là j’ai trébuché un peu. Ce qui est important, c’est que j’ai presque quitté ces équipes dans de bonnes conditions. C’est parce que ce sont les présidents de clubs qui n’ont pas pu gérer une situation favorable à mon maintien. Mais après tout, nous sommes des sportifs, des entraîneurs prêts à servir là où le besoin se fera sentir.
 
T.H.: Votre vision en tant qu’entraîneur sur la situation du football mauritanien qui n’arrive pas à sortir de l’ornière ?
 
A.N.M
.: Je l’ai déjà dit en d’autres occasions. Par rapport à d’autres pays où le football connaît une évolution, nous devons nécessairement nous inspirer des autres pour progresser. Le football mauritanien connaît un déficit de communication entre les responsables qui ont en main les destinées de celui-ci. Il y a un manque cruel de communication entre les principaux acteurs. Surtout, au niveau national, il n’y a pas une structure de techniciens ou d’entraîneurs reconnue et qui peut jouer ce rôle de coordination, de dynamisme et d’avant-garde. Certes, il y a une association mais qui n’est pas réellement fonctionnelle. Il faudrait qu’il y ait une direction technique nationale qui regrouperait l’ensemble des techniciens. Comme ça, à chaque fois qu’il y a une cause nationale à défendre, tous ces techniciens pourraient se retrouver et discuter à même de trouver une solution dans ce sens. Mais le problème ici, c’est qu’on nomme un entraîneur national et on le laisse faire à lui seul sans qu’il soit entouré de techniciens.
Propos recueillis par Ibou Badiane

 


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