«Quel pays!» a lâché un journaliste en écoutant des explications fournies lors d’une conférence de presse organisée conjointement l’après-midi du 14 février au l’hôtel Halima par le président d’une fédération des transports (GMT) et les responsables de trois sociétés de transport.
Ces sociétés «Salam», «El Bouragh» et «Global» sont des entreprises de transport aux normes, ayant investies des moyens considérables pour acquérir de grands bus climatisés, aux sièges numérotés et desservant des destinations à l’intérieur et à l’extérieur du pays (Dakar). A Dakar, nos entreprises ont été combattues un syndicat de transporteurs sénégalais (CNTS) qui ne voulait pas que les bus mauritaniens prennent des passagers sénégalais au retour vers la Mauritanie. Nos transporteurs ont porté alors plainte devant la justice sénégalaise et obtenu gain de cause. Ils ont été autorisés à transporter des passagers sénégalais, mais seulement, quand leurs licences de transport seront transmises par voie officielle mauritanienne, aux autorités sénégalaises en charge des transports, comme le stipule, la convention bilatérale signée entre les deux pays, en février 2005. Après avoir remporté la bataille à l’étranger devant l’administration et la justice sénégalaises, les transporteurs mauritaniens pensaient être au bout de leur peine. Ce qu’ils demandent aux autorités de leur pays, ce n’était pas la lune ! Tout juste, une transmission par lettre officielle de leurs licences à l’administration des transports du Sénégal. Un soit transmis qu’ils n’arrivent pas à obtenir pour des raisons franchement inexplicables, si ce n’est l’incompétence ou la stupidité de notre administration des transports. Ou les deux à la fois. Comment peut-on refuser de transmettre les documents d’un opérateur mauritanien parvenu à être compétitif à l’extérieur ? Pourquoi veut-on mettre les bâtons dans les roues, à ceux qui travaillent, qui peinent et suent? « En tout cas, le Sénégal s’est beaucoup mieux occupé de nous, que notre propre pays» s’est indigné Abdellahi Ould Breihem directeur général de «Salam Transports» au cours de cette conférence de presse. Une phrase qui en dit long sur la frustration ressentie par ces opérateurs mauritaniens qui devaient s’attendre au soutien de leur pays et non aux éculubrations d’une administration de pacotille. Seconde source d’indignation des journalistes. Au cours de la conférence de presse l’on apprendra que la fameuse reforme du secteur des transports entamée pompeusement en 2005 et qui a mis fin au monopole de la FNT pour lui substituer la pagaille actuelle, est toujours au stade d’encre sur du papier. «Sur 36 ordonnances, décrets et arrêtés, seuls deux textes sont appliqués. Le reste du dispositif de la reforme dort dans les tiroirs. Il n’y pas de gares routières, celles existantes sont établies sur des terrains appartenant à des privés. Il n’ y a pas de points de collecte des passagers. N’importe qui fait le transport et les transporteurs sont victimes de la concurrence déloyale des étrangers et des agents des forces de sécurité mauritaniennes qui s’adonnent au transport protégés par leur statut des contrôles. Il n’y a pas eu non plus, les mesures d’accompagnement prônées par la reforme» indique El Mehdi Ould Sidi Mohamed président de la Générale Mauritanienne des Transports. Une situation qui est bien réelle, hélas, et sur laquelle 15 fédérations de transport ont interpellé récemment le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, président du Haut Conseil d’Etat en lui adressant une lettre ouverte qui n’a pas été du goût du ministre des Transports et de son staff, apprend-on. Mais au lieu d’appliquer les textes existants , le ministère des Transports a opté pour un recensement du parc national de transports public des voyageurs et des marchandises en demandant aux transporteurs de présenter leurs véhicules à une commission créée à cet effet. Une commission qui veut ainsi se substituer à la commission nationale de suivi de la reforme du secteur des transports terrestres et ce dit-on, pour donner l’impression de travailler. Pourtant le vrai travail, consiste avant tout, à encourager les transporteurs qui respectent les normes et à mettre en application les textes existants. Mais, avons-nous réellement un ministère des transports ?
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