Il était en tête de la colonne des agresseurs de Lemgheiti en juin 2005. Deux années après, il surgit à Dakar pour récupérer un futur «émir salafiste» mauritanien à l’époque en cavale, avec lequel, il s’est introduit en septembre 2007 à Nouakchott, pour superviser la création de l’organisation «Ansar Allah, El Mourabitoune Vi Biladi Chinguitt» démantelée en avril 2008.
Entre-temps, il avait fait plusieurs navettes entre Nouakchott et les camps du Sahara-Sahel d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) convoyant fonds, armes, munitions, explosifs et recrues. Qui est-il, bon sang ! Il n’est autre, que l’insaisissable «Abderrahmane le nigérien» dit «Abou Doujana», un maure d’une tribu maraboutique du Niger, présenté comme «l’homme des missions difficiles» d’AQMI pour la Mauritanie
«Abou Doujana» doit avoir un sacré culot. Formellement identifié parmi les agresseurs de Lemgheiti «Abou Doujana» s’était pourtant permis, et à plusieurs reprises, –avant avril 2008- de renter en Mauritanie, toujours, à travers le Nord-Est du pays. La première fois, c’était en septembre 2007, lors de la préparation de l’attaque du fourgon de transport des fonds du Port Autonome de Nouakchott. Ce braquage ayant été mené d’une main de maître, sans sa participation, «Abou Doujana» a pris la poudre d’escampette la soirée du 23 octobre 2007 avec 45 000 000 d’ouguiyas à bord de sa Land Cruiser Pick-up, portant une fausse plaque d’immatriculation mauritanienne. On l’a a vu, l’argent public n’intéresse pas seulement les prédateurs, mais aussi, les «jihadistes». Janvier 2008, «Abou Doujana» est de retour à Nouakchott convoyant du Nitrate, du TNT, des armes et de munitions pour le compte d’ «Ansar Allah El Mourabitoune» dont il avait supervisé la création. Mais les jihadistes mauritaniens refusent l’attentat à la voiture piégée contre l’ambassade d’Israël, «de peur de tuer des musulmans».Ils préfèrent mitrailler cette ambassade la soirée du 1er février 2008. «Abou Doujana » quitte Nouakchott la même soirée. Mars 2008, il est de retour. Il était venu récupérer un otage occidental que «Ansar Allah El Mourabitoune» devait kidnapper à l’instar de «l’exploit» en février 2008 des Katibates: «Oum El Kamakime» ou «Al Fath El Moubine» dans le Sud tunisien, lesquelles, avaient enlevé deux otages autrichiens, libérés au Nord du Mali en octobre 2008 contre une forte rançon. «Abou Doujana» amène avec lui en mars 2008 Maarouve Ould Habib qui avait (en janvier 2008) pu rejoindre les camps d’AQMI à partir du Sénégal où il était en cavale avec Sidi Ould Sidna et Mohamed Ould Chabarnou après le meurtre (décembre 2007) des touristes français à Aleg, avant que ses deux complices ne prennent la direction de la Guinée Buissau où ils se feront arrêter. «Abou Doujana» qui disposait d’une villa de passage au «centre émetteur» à Nouakchott à proximité du Fast food «Hamam Nil» s’y terre, jusque l’après-midi du 7 avril 2008. Vif et alerte, c’est lui qui fera perdre l’effet surprise aux unités anti-terroristes en informant les jihadistes retranchés dans une autre villa du «centre émetteur» au Module «L», de l’imminence d’une attaque contre eux. Le kidnapping du diplomate allemand ayant donc échoué, les jihadistes d’ «Ansar Allah El Mourabitoune» acculés vont livrer une féroce bataille aux unités anti-terroristes mauritaniennes. Un officier sera tué et neuf policiers blessés, deux jihadistes resteront sur le champ de bataille, l’un mort, l’autre agonisant avant de succomber par la suite. Trois jours après, le 10 avril un taximan arrête Maarouve Ould Habib qui était monté à bord de son taxi déguisé en femme. Mais c’est 20 jours après, que Sidi Ould Sidna qui s’était évadé le 2 avril 2008 après son extradition le 13 janvier de Buissau ainsi que Khadim Ould Semane l’émir national d’ «Ansar Allah El Mourabitoune» sont arrêtés. C’est la fin d’une longue cavale et le démantèlement de la première organisation «jihadiste» et réellement violente mise en place par …. «Abou Doujana». Or, si cette organisation a été neutralisée, son fondateur «Abou Doujana» ne l’a pas encore été. Peut-il toujours reprendre ses rondes chez nous? Peut-il lancer d’autres recrues dans de nouvelles folles et violentes aventures ? Ou a-t-il plutôt tiré les leçons ? Nous le saurons quand de nouveaux échos parviendront des camps d’AQMI au Sahara-Sahel. Echos qui deviennent, hélas, de plus en plus rares. MAOB
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