La marine saisit un camion frigo venant Sénégal: Les propriétaires estent en justice   
06/02/2009

La marine mauritanienne a saisi le 30 janvier dernier, un camion frigo en provenance du Sénégal. Ce véhicule marocain immatriculé 41644/A/7 transporte du poisson frais à destination du Portugal. Le produit de pêche appartient à une société sénégalaise Dakar Campania Export est  destiné à la société portugaise Vasco de Louro de Lisbonne.



La cargaison de 450 colis de poisson frais, contient des espèces de poissons : garoupa, pampano, antonito, rokera, mérou badèche, mérou noir, mérou jaune, dentex, yeux jaunes, dorade, badèche, coq rouge et carpe rouge. Des espèces dont certains, selon nos interlocuteurs, n’existent pas en Mauritanie, notamment le coq rouge, la carpe rouge et dentex. Ces produits périssables d’un tonnage de 6761,1 kg pour une valeur commerciale de plus de 26 millions d’ouguiyas, ont été inspectés par les services de santé sénégalais et contrôlés par la direction des industries de transformation de la pêche sénégalaise qui ont tous délivré des certificats et des attestations y afférents. La cargaison est mise sous scellé à l’aide de plomb. Ce qui signifie qu’aucune manipulation ne pouvait  être opérée.
Le 29 janvier, le camion a quitté Dakar et est arrivé à Rosso Mauritanie le vendredi 30 janvier 2009.  A Rosso Mauritanie, la douane procède à la vérification de la cargaison. Documents qui attestent la régularité du camion et du produit à l’appui, la douane mauritanienne de la frontière Rosso, juge que le convoi est légal et par conséquent, doit passer sans problème. Elle délivre un certificat de non manipulation dûment signé par le Chef de poste ou son substitut. MM Meïsa Diop, technicien de pêche et El Hadji Fall de la société Dakar Campania Export convoyeurs du camion, payent alors les services de douane pour l’escorter jusqu’à destination. Un ordre de mission est délivré au douanier chargé d’escorter de la mission. Jusque-là, tout s’est passé le plus normalement du monde.
Cependant, les déboires ont commencé lorsque le camion s’est approché de Nouakchott. L’armée qui a aperçu le camion à 8 km de la ville, l’intercepte. Le douanier d’escorte explique que le camion provient du Sénégal et que la marchandise est sous plomb. Nul n’a le droit d’ouvrir la cargaison même la douane. N’étant pas convaincu des explications du douanier, les militaires avisent la marine de Nouakchott qui demande l’immobilisation du camion au niveau de sa base pour vérification. Le douanier escorteur, selon nos interlocuteurs, est sommé de ne pas suivre le camion. A la base de la marine, les convoyeurs sénégalais seront soumis alors à une série d’interrogations malgré la détention de documents délivrés par les services compétents sénégalais. Selon toujours nos interlocuteurs, le lieutenant de la marine Ahmed Ould Moulaye dit Bezeid et le colonel Ould Baya ont informé aussitôt leur hiérarchie en lui disant que les documents fournis à cet effet sont faux sans pourtant amener la preuve de cette fausseté. Les Sénégalais informent eux aussi leurs amis  mauritaniens qui sont intervenus  parce que ce sont des commissionnaires de la marchandise.
 
Les autorités s’en mêlent …
 
Les facilitateurs mauritaniens interviennent par l’entremise de l’ambassadeur de Mauritanie à Dakar, SEM Mohamed Vall Ould Bellal qui saisit le ministre de la défense. Celui-ci saisira également son homologue de la pêche M. Hacenna Ould Ely. Déjà mis au parfum de l’affaire, le ministre de la pêche rétorque à son  homologue de la défense que les documents fournis seraient falsifiés, selon nos sources. Néanmoins, le ministre de la défense lui confirme que le produit est bel et bien sénégalais. Malgré toutes ces interventions et tous les documents fournis, les autorités mauritaniennes compétentes ont refusé de lever la mesure de consignation du produit. Elles ont tout simplement demandé aux intéressés de leur fournir d’autres documents pour confirmer les premiers.
Comme le chauffeur et le camion sont marocains, l’ambassade du Maroc fut impliquée également pour tenter de trouver une solution à la situation. Rien n’y fut.
L’ambassadeur du Sénégal en Mauritnie qui a été saisi de l’affaire, dépêche sur place son Conseiller. Ce dernier recevra la même réponse auprès du lieutenant Ahmed Ould Moulaye dit Bezeid. Les Sénégalais appellent Dakar et demandent à leurs responsables de leur fournir d’autres documents. Une attestation de conditionnement délivrée par la société expéditrice et une autre attestation de la direction sénégalaise des industries de transformation de la pêche atterrissent l’une le 1er février, l’autre le 02 février à Nouakchott à l’adresse des services de contrôle de la marine mauritanienne. Ces attestations ont confirmé la conformité et la légalité des documents en mentionnant les références de ces derniers déjà fournis. A la même occasion, ils sollicitent la levée de la consignation.
Malgré tout, la situation est restée en l’état. Car, de sources proches des autorités mauritaniennes, on évoquerait une certaine complicité de l’administration sénégalaise dans la délivrance des dits documents.
Aux dernières nouvelles, les victimes ont décidé de payer les services d’un avocat, en la personne de Maître Hacen Ould Moctar pour ester en justice. De l’avis des victimes et de leurs amis  mauritaniens, il y a abus d’autorité et/ou excès de zèle. Mieux encore, les intéressés doutent de la sincérité des autorités mauritaniennes dans leur déclaration. Pour preuve, depuis la saisine, aucun document n’a été fourni aux victimes attestant que le produit est suspicieux ou autre. Encore moins la preuve de la fausseté des documents. Comme le produit est périssable et en l’état actuel des choses, il ne peut plus être exporté, les protestataires demandent l’arbitrage de la justice.
Ibou Badiane


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