Tribune : 5 mois de diversion putschiste… 5 mois de condamnation et de rejet de la junte, qui dit mieux?   
04/01/2009

Cinq mois après le 06 Août 2008, la résistance à l’état d’exception continue toujours plus forte, toujours plus déterminée. Le rejet de la forfaiture grotesque du général se poursuit sans relâche, en dépit du musellement d’une partie de la presse qui a, hélas, succombé à la peur et/ou au charme du lucre, sans compter la presse publique, traditionnellement laudatrice du régime putschiste.



Cinq mois d’incarcération et d’exil du Président démocratiquement élu, n’ont pas pu faire oublier au peuple qu’il doit se battre pour restaurer la légitimité constitutionnelle. Ainsi ni la transfiguration de la constitution- largement plébiscitée en 2007- par la greffe d’un corps étranger dit « charte constitutionnelle », ni les tentatives répétées de récupération du bilan de 15 mois de réalisation du Président Sidi Mohamed Ould Cheïkh Abdallahi n’ont pu tromper les populations. Certes le général et ses sous-fifres rivalisent de manœuvres dilatoires pour embrigader une partie du peuple et enrôler mercantilistes et arrivistes de tout poil. Mais, il est désormais évident, que le nombre des opportunistes sur lesquels ont misé les putschistes est entrain de se réduire comme peau de chagrin, malgré les largesses du général qui n’ont pas épargné les boîtes les plus sensibles de l’Etat.
 
Cinq mois de règne usurpĂ© par le gĂ©nĂ©ral dĂ©mis, rendu nerveux par un rejet national catĂ©gorique et un isolement international total, ont mis en exergue les limites intellectuelles du chef de la junte et ses capacitĂ©s d’apprĂ©hension de l’opinion nationale et du monde autour de lui. Ils ont rĂ©vĂ©lĂ© au monde entier sa personnalitĂ© Ă  la fois paranoĂŻaque et mĂ©galomane. Ils ont mis Ă  nu ses vellĂ©itĂ©s dictatoriales et surtout son ambition dĂ©mesurĂ©e. Cinq mois au cours desquels le fossoyeur de la lĂ©galitĂ© offre l’image d’un homme orgueilleux, qui  n’a d’oreille que pour les dithyrambes de soi-disant chef d’initiatives de circonstance, suscitĂ©es çà et lĂ  au grĂ© des humeurs. En fait, c’est un homme prĂŞt Ă  sacrifier le pays tout entier pour garder le pouvoir et en jouir des avantages ; usant de la dĂ©magogie comme il respire car il est pressĂ© de se faire une image auprès du petit peuple. 
 
Ainsi Ould Abdel Aziz décide-t-il, par-ci l’achat à et à l’instant même d’un scanneur tout neuf, et le voilà qui se retrouve avec un vétuste et défectueux, acquis à la casse marocaine. Par-là, il donne l’ordre de raser tout un bidonville et de le lotir immédiatement, mais très vite il se rend compte que l’aménagement des terrains ce n’est pas une simple balade à Haye Essakine ou à El Marbatt. Ailleurs, il exige qu’un tronçon de route soit instantanément frayé, bitumé et baptisé. Et le Gaz ? Il en annonce unilatéralement la réduction du prix, sans la moindre concertation avec les commerçants. C’est pourquoi nul ne fut surpris de voir les vendeurs des bonbonnes lui renvoyer la patate chaude. Leur refus de vendre au prix du général était sans appel. Pour lui gérer un pays, c’est penser à une chose, donner un coup de sifflet et l’obtenir. Pas besoin de programme politique, ni d’études stratégiques. Pas besoin de réfléchir ni de discuter avec les spécialistes. Est-ce que c’est vraiment comme ça l’exercice du pouvoir ? Mon général réveille-toi ! gouverner c’est un art et une sagesse consistant à prendre le temps de tout peser avant de décider.
 
Une chose est certaine : l’appropriation de l’appareil de l’Etat, le culte de la personnalité, l’instrumentalisation des médias, la balkanisation des populations, l’ancrage du clientélisme politique et de la corruption sous toutes ses formes sont les seules véritables réalisations à l’actif du fauteur du 06 Août dernier. Et cela est à l’antipode des véritables attentes de notre peuple lequel aspire à la stabilité, au développement et à l’opulence, après avoir prouvé à l’humanité entière que la Mauritanie est mûre et qu’elle peut bien assumer, à l’instar des nations civilisées, l’ensemble des valeurs démocratique dans tout ce que cela a de positif et d’efficient.
 
Le peuple mauritanien a dĂ©couvert, dans ce gĂ©nĂ©ral, un dĂ©magogue patentĂ© dont tous les mensonges sont cousus de fil blanc. Ne prĂ©tend-il pas inaugurer de grands chantiers en si peu de temps. Les quels et comment ? Le ciel a-t-il plu d’argent ? Se souvient-il que, lorsque le CMJD remettait le pouvoir au PrĂ©sident de la RĂ©publique fraĂ®chement Ă©lu, les caisses de l’Etat Ă©taient quasi-vides ? Les tombeurs de Taya dont il fait partie avaient dĂ©jĂ  partagĂ© les deniers publics et mis Ă  plat le trĂ©sor sous prĂ©texte de rĂ©compense, au grand dam d’un peuple indigent. Cela fut rĂ©vĂ©lĂ© par la presse locale Ă  son risque et pĂ©ril. Et pendant 15 mois, Le PrĂ©sident Sidi Ould CheĂŻkh Abdallahi a payĂ© des dettes contractĂ©es par ses prĂ©dĂ©cesseurs. Cela ne l’a pas, nĂ©anmoins, empĂŞchĂ© de poursuivre l’exĂ©cution  de ses nombreux engagements. C’est ainsi que, forte de son aura et de sa crĂ©dibilitĂ©, la Mauritanie  a très vite, d’ailleurs, constituĂ© un important pĂ´le d’attraction pour les investisseurs grâce Ă  sa crĂ©dibilitĂ© acquise.
 
L’unitĂ© nationale, pierre angulaire du programme social et politique du PrĂ©sident Ould CheĂŻkh Abdallahi, a connu une Ă©volution significative, Ă©loignant le pays du spectre de la division et de l’instabilitĂ© qui a planĂ© sur lui deux dĂ©cennies durant, menaçant son existence dans un contexte international hostile. Ainsi le retour des rĂ©fugiĂ©s mauritaniens a-t-il Ă©tĂ© amorcĂ© avec succès. Et l’esclavage a cessĂ© d’être un tabou grâce au dĂ©bat  suscitĂ© autour de sa pratique, puis au vote d’une loi d’incrimination et d’interdiction du flĂ©au Ă  l’unanimitĂ© de l’AssemblĂ©e Nationale. Certes, beaucoup restait Ă  faire, notamment au niveau de la lutte contre la pauvretĂ© qui a affecte essentiellement cette communautĂ© eu Ă©gard Ă  son passĂ© victime de l’exclusion politique, Ă©conomique te sociale. Mais le coup d’Etat du 06 AoĂ»t non seulement a stoppĂ© cet Ă©lan d’émancipation, il a en a tuĂ© le rĂŞve. En effet, la majoritĂ© des membres du dit HCE n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  dire que l’esclavage n’est pas un vrai problème national et qu’il ne constitue pas une prioritĂ©. L’épineuse question du passif humanitaire qui Ă©tait en voie de règlement, n’eĂ»t Ă©tĂ© ce maudit coup d’Etat, est aujourd’hui bloquĂ©.
 
Ces grands projets sociopolitiques qui prĂ©occupent tant les partis Ă©pris d’égalitĂ© et de justice sont malheureusement, aujourd’hui, Ă  la merci d’une junte mercantiliste et perverse ; une junte qui n’est autre que l’expression du grand rĂŞve des forces rĂ©actionnaires et racistes qui l’ont suscitĂ©e. Ould Breidileil, Ould Zamel, Yahya Ould Abdel Ghahar, Mohsine pour ne citer que ceux-ci ! Qui  ne s’en rappelle pas ? Ce sont eux le peloton civil de ce putsch dĂ©sastreux. Ils reprĂ©sentent les figures de proue de l’exclusivisme social et de la gangrène de la division raciale. le discours chargĂ© de haine et de xĂ©nophobie est bien le leur. Ils l’ont exĂ©crablement vĂ©hiculĂ© dans leurs nombreuses confĂ©rences-dĂ©bats et forums qu’ils animaient çà et lĂ  en tant qu’idĂ©ologues de la fronde, au lendemain du discours historiques du PrĂ©sident Sidi Mohamed Ould CheĂŻkh Abdallahi annonçant le retour des rĂ©fugiĂ©s, le règlement en perspective du passif humanitaire tout comme la condamnation et l’incrimination des pratiques de l’esclavage.
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N’est-ce pas, ce sont ces réprouvables valeurs sectaires et haineuses qui trouvent aujourd’hui, à travers ce système en place, leur bon chemin d’application à travers des nominations et des poursuites judiciaires ciblées? C’est, au demeurant cette déraison démentielle, ce néo-nazisme octroyant à un mauritanien des droits supérieurs ou inférieurs à ceux d’un autre mauritanien que nous récusons et nous combattons
En effet, au-delà de cette poignée de personnes anti-démocratiques, et que le système putschiste est entrain de couronner, tous les mauritaniens sont convaincus que le salut réside dans l’unité et la démocratie dont les fondements ont été lancés par 15 mois de règne du Président élu. La Mauritanie libre, diverse, démocrate ne capitulera pas. Elle restera à jamais attachée à la légitimité constitutionnelle malgré les déploiements de toutes les forces de l’ordre et des chars dans une capitale embastillée.
Alors la rencontre orgiaque dite « Etats généraux de démocratie » ne changera en rien les choses car elle ne jouit d’aucune légitimité. Ces soi-disant journées sont sous les auspices des putschistes en quête de reconnaissance internationale pour avoir cru imposer le fait accompli aux mauritaniens. Mais qu’il rappelle que «le chien aboie, la caravane passe.»


M. Ethmane Ould Bidiel


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