En tant qu’ancien employé d’Air Mauritanie, j’ai appris par voie de presse que certains anciens délégués ont porté plainte contre les anciens dirigeants de cette société pour permettre aux employés de recouvrer leurs droits.
Sans se poser la question sur la légitimité de la plainte et la représentativité des plaignants, j’ai été traversé un moment par l’espoir de recouvrer mes droits afin régler une partie des dettes accumulées pendant la période de chômage. Ma déception a été grande quand j’ai réalisé que malheureusement l’ouverture de ce dossier ne répondait qu’à des impératifs purement politiques. En effet, la lettre et la note qui lui est annexée, toutes deux transmises par le Ministre de la Justice au Procureur Général en date du 26/10/2008 est la preuve irréfutable de l’instrumentalisation de la justice en vue de nuire à des opposants au HCE nommément cités (le Premier Ministre et l’un des conseillers principaux du Président de la République Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi). Je fais partie de ceux qui regrettent fortement la liquidation d’Air Mauritanie dont beaucoup de mes compatriotes en ont imputé la responsabilité à ses anciens dirigeants. Cette « certitude » se trouve aujourd’hui remise en cause par le contenu de la note assez fournie publiée par une commission de soutiens aux détenus, relative à l’historique de la gestion d’Air Mauritanie que je suis bien placé pour en apprécier la pertinence, tout comme elle soulève des interrogations quant aux véritables responsables de la faillite de cette compagnie. A travers cette note il apparaît clairement que ni Sidi Mohamed Ould Biya, ni Isselmou Ould Khattry ne peuvent être impliqués de près ou de loin dans la soi-disant programmation de la faillite d’Air Mauritanie. Quant à Moustapha Ould Hamoud, tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il est l’artisan de la transformation de cette société du statut de compagnie essentiellement domestique à celui de compagnie à vocation régionale, voire internationale, et ceci dans un environnement difficile et en l’absence d’un réel soutien des pouvoirs publics. La consolidation de ces acquis a été poursuivie par Yaha Ould Ahmed El-Waghf jusqu’à lui trouver le partenaire stratégique à même d’assurer sa pérennité, par la signature d’un accord par lequel la Royal Air Maroc prenait une participation de 51 % dans le capital de la société. L’une des questions fondamentales qui se pose aujourd’hui porte sur les raisons qui ont poussé le gouvernement de la transition à renier l’accord conclu avec la Royal Air Maroc en septembre 2006 et d’accorder les droits de trafic à une autre compagnie aérienne. Mauritanie Airways constitue-t-elle un enjeu plus stratégique pour notre pays que le transporteur historique qu’était Air Mauritanie ? En tous cas si cet accord avec la Royal Air Maroc n’avait pas été remis en cause, ceci aurait permis à Air Mauritanie de continuer à exister aujourd’hui avec beaucoup d’avantages dont les moindre sont : - l’apport financier qui lui manquait cruellement ; - le support et le savoir-faire technique qui lui faisaient défaut ; - le maintien de l’emploi, ce qui aurait évité de mettre au chômage près de 400 employés. Ne sommes nous pas entrain d’assister à une situation paradoxale, où ceux qui se sont engagés depuis plusieurs années et ont finalement réussi à mettre en faillite Air Mauritanie seraient aujourd’hui ceux-la même qui rendent responsables les anciens dirigeants de cette compagnie qui, de l’avis de tous, se sont battus avec détermination pour assurer sa pérennité. MOS Ex-cadre d’Air Mauritanie.
|