Avocats des détenus d’Air Mauritanie et du PSI: «La politique est le vecteur déterminant»   
11/12/2008

Le Collectif des avocats de défense des détenus dans le cadre des dossiers d’Air Mauritanie et Programme Spécial d’Urgence (PSI) ont organisé une conférence de presse le 11 décembre 2008 à l’hôtel «El Khaima», à Nouakchott. Une conférence de presse;  rehaussée  par la présence des plus grandes figures nationales de défense des droits de l’homme;  en l’occurrence Boubacar Ould Messaoud président de Sos Esclaves, Aminettou Mint Ely présidente de l’AFCF, M. Sarr Mamadou Secrétaire Exécutif du Fonadh,  M.Ould Khouwah de la Raddho et Mme Kane de la CNDH.



Au nom du Collectif  des avocats,  Me Mine Ould Abdoullah a souhaité la bienvenue à la presse et aux familles des détenus,  soulignant que l’interpellation des accusés  dans le dossier Air Mauritanie ne peut être dissociée du contexte politique actuel, dans lequel trois  des détenus : Ould Waghf le Premier ministre constitutionnel, Moustapha Ould Hamoud ex-ministre et Didi Ould Biyé ex-conseiller principal du président renversé par coup d’Etat, ont adopté des positions politiques opposées Ã  ce  nouveau contexte.
Me Ould Abdoullah a évoqué la publication d’un document présenté par le parquet comme une «consultation juridique»,  document qui indique  comment accabler des accusés  dans le dossier Air Mauritanie . Me Ould Abdoullah  a  souligné  que le Collectif des avocats rejette toute reponsabilité et regrette sa  publication, même si le parquet a reconnu  son existence  et qu’il a servi de scénario à la mise en Å“uvre de l’affaire Air Mauritanie.
Me Ould Abdoullah a déclaré que les accusés dans le dossier Air Mauritanie sont en prison depuis plus de 20 jours sans comparaître devant le juge  ajoutant que la caution de 100 millions d’ouguiyas exigée pour leur accorder une liberté provisoire constitue  une première dans les annales  judiciaires. «Ce n’est plus une affaire de justice;  mais celui qui peut payer 100 millions va être libéré» a-t-il indiqué . «100 millions,  c’est le salaire durant 12 ans d’un directeur général d’Air Mauritanie» a-t-il ajouté. A la fin de cette conférence de presse, les avocats ont fait part de la détérioration de la santé du détenu  d’opinion Isselmou Ould Abdel Kader,  jeté en prison depuis le  26 octobre 2008;   pour avoir critiqué dans une émission télévisée  le chef de la junte Mohamed Ould Abdel Aziz et le BAtaillon  de la SÉcurité Présidentielle (BASEP)  qui  lui a servi, pour mener deux coups d’Etat en 2005 et en 2008. Le Collectif des avocats a  enfin rendu public le communiqué qui suit :


                                      Communiqué de presse
Dans le cadre de la procédure actuelle relative au dossier connu sous le nom d’AIR MAURITANIE, le collectif des avocats saisit cette occasion pour édifier l’opinion sur les vices qui l’ont entachée.
D’abord, les textes précisent l’intérêt et les cas pour lesquels le dépôt est valablement requis et l’instruction apporte, en principe, les justifications des actes nécessaires à la manifestation de la vérité. Il est, pourtant, regrettable qu’en ce qui concerne ces détenus, le dépôt fut ordonné, à priori, sur l’unique base de demande du ministère public sans appréciation suffisante et/ou objective des considérations de fait et de droit qui ne l’auraient, certainement pas, recommandé le cas échéant.
Aussi le sort réservé par l’ordonnance de mise en liberté aux demandes de payement des cautions requises et obtenues par le parquet soulève les mêmes inquiétudes sur les droits fondamentaux de ces détenus.
Par conséquent, le collectif, surpris par ce traitement inhabituel du dossier, tient à formuler les observations suivantes :
1-le dépôt requis et obtenu par le parquet n’est pas justifié, d’autant plus qu’il s’agit d’une mesure exceptionnelle soumise à des conditions limitativement énumérées par le Code de Procédure Pénal et qui sont obtenues dans le cas d’espèce ;
2-la détermination d’un montant exceptionnellement exorbitant (100. 000 .000 UM par détenu) pour garantir la jouissance de la liberté qui est d’abord humaine ; sinon elle deviendrait un privilège supplémentaires pour les fortunés ;
3-le collectif constate, avec d’autres, que le droit a été, jusqu’à présent l’absent de marque dans cette procédure. Il en résulte de façon notoire, l’absence de critères d’un procès juste et équitable tels qu’ils sont définis dans les conventions internationales ;
4-il rejette l’application sélective des exceptions aux dépens des principes fondamentaux du Droit ;
5-il regrette profondément toute instrumentalisation de l’affaire et déplore que la politique soit, dans cette procédure, le vecteur déterminant ;
6-Il affirme son profond attachement au droit et interpelle, aussi, les autorités à œuvrer dans le sens de son application stricte, sans aucune discrimination.

Le collectif
Nouakchott, le 11/12/08
 


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