Le tripode de la stabilité se maintiendra-t-il après le 6 août 2008 ? Cet article intitulé « Stabilité de l’Etat : trois socles, six fondements pour assurer un équilibre pérenne » a été publié dans La lettre FCO, bulletin N° 2 en date du 18 juin 2003.
Il est aujourd’hui d’une grande actualité et nous le publions comme opinion à verser au débat en cours sur les évènements que vit la Mauritanie après le 6 août 2008. Il est loisible d’imaginer le corps Etat tel une structure évoluant en autonomie au sein de son environnement. La viabilité et la pérennité d’un tel corps sera dépendante de nombreux facteurs internes et externes qu’on peut schématiser sous forme d’un triptyque doté de trois grands pôles d’attraction: le pôle stratégique, d’abord. Celui-ci renferme le politique au sens large, c’est à dire le Gouvernement, les institutions républicaines, notamment, celles élues par le peuple, la société civile liée, directement ou non, à l’exercice du pouvoir au sein de l’Etat de droit. Ensuite, il y a le socle économique, tel qu’inscrit dans une ellipse assez large pour couvrir les fondements de l’activité économique dans son ensemble, les secteurs productifs marchands ou non, en somme tous les moyens de production de la richesse nationale. Enfin, le pôle social avec ses composantes essentielles pour l’obtention d’un cadre de vie idéal au bénéfice de toute la communauté et garantissant un renouvellement optimal, sur tous les plans, des générations vivant sur le territoire. Ces trois pôles seront portés de manière dynamique par un triumvirat catalyseur, à savoir la gouvernance, la croissance et la prévoyance. Ainsi, le pôle politique apporte, nécessairement, la bonne gouvernance, qui est le fondement universel de l’existence de l’Etat de droit. Le pôle économique se charge, quant à lui, d’atteindre les objectifs de croissance permettant au pays de faire face aux comparaisons internationales. Le pôle social constitue, on le sait, un miroir réfléchissant l’image vivante de la qualité de vie offerte au citoyen. Afin de permettre à l’ensemble du système d’évoluer dans une dynamique d’équilibre, il est essentiel de réunir trois conditions de base. La première condition, c’est la sécurité; sécurité des institutions, sécurité des biens et des personnes. Il s’agit, avant tout, ici, d’un état d’esprit général permettant au pays de mériter la confiance. Deuxième exigence, la liberté; la liberté d’entreprendre, de s’exprimer, de s’organiser. Faut-il le préciser, la liberté, dans ce cadre, sera balisée par les déterminants propres à la société, et ce, dans la limite des règles définies, constitutionnellement, pour l’ensemble des citoyens. La troisième exigence, c’est la justice ; celle-ci sera entendue comme étant, à la fois, aspiration et contrainte, droit et devoir ; justice pour le citoyen mais aussi justice pour l’Etat. En somme, une justice justiciable pour la collectivité dans son ensemble. Une fois associées, les composantes du tripode ainsi décrit, sont sensées constituer l’ossature d’un état de droit stable et pérenne. Au demeurant, il ne sera possible de vérifier la solidité de cet édifice que face aux épreuves subies dans le temps. Pour ce qui est de la Mauritanie, on aura parlé d’un évènement comparable à un 11 septembre, toutes choses étant égales. L’essentiel, pour l’Histoire, est de retenir que le tripode de la stabilité s’est, ici, maintenue en parfait équilibre, et ce, en dépit de l’ampleur du choc subi par le pays ce 8 juin 2003. Cela dénote de la maturité du peuple mauritanien et de sa solidarité dans l’adversité. Après la consternation, du fait des circonstances exceptionnellement tragiques, le peuple mauritanien a su donner toute sa dimension au retour des choses au cours normal, affirmant, ainsi, son désir profond de vivre dans la paix, la stabilité et la légalité. Mohamed Nacer Ould Moctar Nech
|