Tahalil Hebdo : M. Nech, comment voyez vous la situation politique aujourd’hui, après deux mois de rebondissements, surtout à la lumière des sanctions internationales qui se profilent à l’horizon ? Mohamed Nacer Ould Moctar Nech : Ces deux derniers mois ont été effectivement riches en rebondissements politiques, au vu du comportement des uns et des autres, tant au plan front intérieur qu’extérieur.
Ma lecture est que tout cela prouve si besoin était que les mauritaniens savent traiter leurs problèmes dans la retenue et la non violence qui caractérisent le plus souvent des contextes comparables, notamment dans notre continent. On l’a constaté, aussi bien les soutiens au changement de régime que ceux qui le combattent, tout le monde a usé intensivement des outils que confère la scène politique dans ce domaine, cela dans une grande liberté de mouvement et d’expression. Nous pouvons donc espérer qu’après avoir épuisé ce type de recours, finalement et d’évidence, contre-productif pour la Mauritanie et les mauritaniens, les différentes parties accepteront de se parler directement afin de trouver une issue qui assure à la fois la continuité constitutionnelle du pays et la sérénité des esprits et des cœurs en son sein. Dans le fond, à mon humble avis, les acteurs politiques doivent se résigner à admettre que personne n’est exempt de responsabilité dans les évènements du 6 aout. La presse et les médias, en général, ont expliqué tous les tenants et aboutissants de cette crise. Qu’on le veuille ou non, l’intervention de l’armée était prévisible, même si les motivations de celle-ci sont interprétées différemment d’un bord à l’autre du problème qui se pose aujourd’hui à notre pays. Pour ce qui est des sanctions économiques en général ou ciblées sur des personnes en particulier, l’envisager par la communauté internationale serait sacrifier cruellement la Mauritanie au nom d’une doctrine qui n’a pas manifestement fait ses preuves sous d’autres cieux et reviendrait par contre à « somaliser » ce pays pauvre et fragile avec toutes les conséquences qui en découleraient pour nos voisins immédiats et plus lointains, voire pour toute la communauté internationale.
Tahalil hebdo : De quelles conséquences parlez-vous ? Vous faites allusion au terrorisme ? Mohamed Nacer Ould Moctar Nech : Je ne suis pas spécialiste du domaine. Toutefois, je sais que la Mauritanie dispose de frontières qui sont incontrôlables. Vous pouvez donc imaginer ce qui peut s’en suivre en cas de rupture brutale de l’Etat et des institutions sous des pressions quelconques. Le pays avec une surface inhabitée de plus d’un million de KM2 pourrait servir, alors, aisément de base arrière à des bandes armées de toutes les colorations possibles. Tout le monde sera perdant, notamment les mauritaniens. Est ce le but recherché par toute cette mobilisation ? Sur un autre plan, Je ne crois pas que la France et les autres partenaires influents retiendraient finalement une position qui ruinerait l’équilibre précaire réalisé jusqu’ici et en particulier les acquis économiques, sociaux et politiques aux quels ils ont massivement contribué.
Tahalil hebdo : Mais la communauté internationale est décidée à appliquer des sanctions, voire une action militaire !
Mohamed Nacer Ould Moctar Nech : C’est vous qui le dites .Personnellement je ne le souhaite pas pour mon pays et pour mes concitoyens. Les mauritaniens commencent à se rendre compte que la paix civile et la sécurité publique sont indispensables pour réaliser leurs idéaux, notamment démocratiques. Le peuple ne suivra pas le mouvement. La seule voie envisageable, c’est la voie de la sagesse. Propos receuillis par IOM
|