Le FNDD empêché de marcher   
05/10/2008

Comme il fallait s’y attendre, le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) composé pour l’essentiel des partis politiques opposés au putsch du 6 aout et favorables au retour du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a été empêché de manifester  le dimanche 5 Octobre. Et pour cause ? Le pouvoir fébrile de la junte a, dès l’après midi du 5 octobre,  mobilisé un important dispositif de sécurité sur le lieu de rassemblement des organisateurs de la manifestation.



En lieu et place de la marche, c’est les forces de l’ordre et de sécurité qui y sont venues  pour organiser une répression qui n’a épargné personne. Même la presse nationale et internationale a reçu des gazs lacrymogènes pour la seule faute d’être présentes sur le lieu de rassemblement, en face de l’Hôpital national de Nouakchott.
Les responsables du FNDD n’ont qu’à se remettre à Dieu. Le Général Président du Haut Conseil d’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz aux commandes d’un régime aux abois, a distribué des lacrymogènes pour la circonstance. N’est-ce pas là une défaite de la junte ? N’est-ce pas là des libertés bafouées ? Que reste-t-il de ce régime qui pouvait bien autoriser et encadrer cette marche dont les principaux responsables ont toujours organisé des manifestations du genre en prenant soin de les encadrer pacifiquement et avec responsabilité.

Malgré cette répression , l’on a remarqué la présence de braves militants de ce Front, dont des femmes qui ont résisté aux bousculades des policiers qui se jetaient sur n’importe qui. Pour un petit groupuscule de manifestants, les autorités policières ont envoyé des renforts de 4 véhicules. Avec leurs masques à gaz, ils ont poussé les manifestants  jusqu’aux abords des services d’urgence de l’hôpital. Sur chaque petit regroupement, des éléments de la police s’acharnent avec matraques pour le disperser. Parfois, les forces de l’ordre  bousculent les journalistes qu’ils somment de s’éloigner du lieu. En dépit de leur détermination, les manifestants  en petit nombre brandissaient les photos du président renversé accompagnées d’Allah Akbar (Dieu est Grand). Un signe d’impuissance, mais qui en dit long sur leur irrédentisme face à une junte qui se cherche encore.

Le Wali de Nouakchott avait donné le ton

Ceux qui ont lu la correspondance du Wali (Gouverneur) de Nouakchott ou qui l’ont appris par la voix du FNDD , lors de son point de presse organisé le vendredi 3 Octobre au siège de "Tawassoul", ont vite compris que cette marche avait de minces chances d’être organisée. Dans cette correspondance, le Wali a notifié au FNDD que toutes les manifestations à caractère politiques sont interdites sur la voie publique jusqu’à nouvel ordre. Ce nouvel ordre, c’est quand ? Pour le FNDD, cet ordre ne peut avoir lieu que si Sidi Oulmd Cheikh Abdellahi est remis dans ses fonctions de président de la République Islamique de Mauritanie. Par contre, pour la junte et ses partisans, c’est quand le Front capitulera.

A quand cette capitulation ? C’est là toute la question.

La communauté internationale avec à sa tête l’Union Africaine brandit encore sa menace d’isoler la Mauritanie et de faire un embargo contre la junte. A la veille de l’ultimatum du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine, la ville de Nouakchott, capitale de la Mauritanie vit  une ambiance très électrifiée.

Des poches de résistance à travers Nouakchott

Le FNDD  qui veut coûte que coûte en découdre avec la junte a éclaté ses manifestants et organisé des poches de résistance à l’îlot K, au siège de l’UFP, vers la Polyclinique, au Ksar et un peu à travers à Nouakchott. Même si ces rassemblements restent pour le moment  insignifiants par rapport aux imposants meetings populaires organisés par le FNDD depuis la prise de pouvoir par la force , « le message a passé et passera toujours tant qu’il ne restera un militant du Front sur terre » confie un manifestant d’une rare détermination. « Moi je suis l’artiste de la démocratie, je suis absolument contre la confiscation de la démocratie », déclare la grande artiste Tahra Mint Hembara, visiblement agacée et très confuse. « Je me soulève et je ne suis  pas la seule. La Mauritanie entière est avec nous, la diaspora et même l’intérieur du pays, tout le monde est debout pour que la démocratie revienne en Mauritanie. Aujourd’hui, nous marchons pour prouver au monde entier que nous refusons que notre démocratie soit confisquée, pour refuser les sanctions qui doivent tomber demain sur la Mauritanie. J’ai peur pour mon peuple et de ce qui va arriver à mon pays. J’ai peur de ces militaires qui confisquent la démocratie. Nous refusons cela, ils n’ont pas le droit, la Mauritanie toute entière refuse cela. Et c’est la première fois dans notre vie que nous refusons un putsch militaire. Il faudrait que le monde entier comprenne ça ».

Et d’ajouter : «Ce sont nos vaillants soldats que nous aimons. Il faut qu’ils retournent dans les casernes, c’est ça leurs bases et non au Palais. Oui dans les casernes pour éviter qu’on égorge les Mauritaniens, 12 soldats dont un civil au soir du 14 septembre dernier à Tourine. S’ils étaient là-bas, ils auraient pu éviter ça ». Cette revendication de Tahra Mint Hembara  sonne comme un cri de cÅ“ur. Une autre manifestante du FNDD, n’a pas pu laisser entendre sa colère. Un gaz lacrymogène entrecoupera sa voix et dispersera la presse et la foule qui s’amassaient autour d’elle. Pauvre de Mauritanie !
Compte rendu Ibou Badiane


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