«Audition» de Mme Khattou Mint El Boukhary : Les avocats évoquent une chaîne d’irrégularités   
26/09/2008

Maîtres Lo Gourmo Abdoul et Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely, ont donné le 26 septembre, une conférence de presse, au siége de la fondation  caritative Khattou Mint El Boukhary (FKB), pour réagir à la présentation le 25 septembre par l’usage de la force brute contre la Première Dame, (dont le mari, le président constitutionnel, est en résidence surveillée depuis le coup d’Etat militaire du 6 août), devant une «commission d’enquête» sénatoriale. 



«Madame Khattou Mint El Boukhary vous faire part de ses remerciements et s’excuse auprès vous de ne pas être venue en raison de problèmes de santé, après une audition qui a duré 6 heure d’affilée» a indiqué Me Lo Gourmo Abdoul à l’entame,  de cette conférence de presse.
Et d’ajouter : « Sans esprit de dramatisation, ce qui s’est passé hier, avec pour décor le Sénat mauritanien, prouve que l’Etat de droit s’est effondré, qu’il y a eu un trou noir des libertés. Jamais au monde, dans un Sénat, la police ne s’est postée pour frapper les gens et empêcher les sénateurs d’y accéder». «Mais ce qui s’est passé le 25 septembre, ne va pas rester sans conséquences juridiques» a prévenu l’avocat.
Enumérant une chaîne d’irrégularités qui ont  émaillé la présentation par le force de l’épouse du Président de la République, lui-même, privé de libertés, Me Lo Gourmo a déclaré :«Il y a eu l’intrusion abusive dans le domicile d’un citoyen, sans mandat légal. La séquestration  d’une citoyenne dans une chambre fermée au siège du Sénat, c’est un emprisonnement illégal. L’interrogatoire  mené  par des individus qui n’ont aucune qualité,  pour le faire ». Me Lo Gourmo a indiqué par la suite : « La commission sénatoriale d’enquête existe seulement sur le plan nominatif. Elle  n’est pas encore dotée de règlement intérieur, de procédures de fonctionnement,  donc il y a usurpation de fonctions». L’avocat  de la Première Dame a estimé qu’ «il y a eu des pressions psychologiques sur une femme (Mme Khattou, ndlr)  en vue d’obtenir des aveux, c’est très proche de la torture», précisant à l’occasion,  «le refus (de la commission) de faire assister celle-ci,  par ses avocats»,  ce que la loi garantit –a-t-il indiqué-, à tous les citoyens,  «parce que sans la présence d’avocats,  on peut  faire dire du n’importe quoi, Ã  quinconque».
  Il s’agit là  - a poursuivi l’avocat-, d’une chaîne d’irrégularités qui ramènent la Mauritanie à des années lumières, des acquis démocratiques,  d’actes de délinquance avec flagrant délit, susceptibles d’entraîner la levée de l’immunité parlementaire des membres de la commission sénatoriale, car les textes spécifient que cela est possible, en cas de flagrant délit.
«Pour tout cela, nous avons l’intention de porter plainte devant les juridictions nationales et internationales  a conclu Me Lo Gourmo.
En marge de la conférence de presse,  les avocats ont distribué une déclaration signée de Madame Khattou Mint El Boukhary, dans laquelle, la Première Dame a relaté les circonstances dans lesquelles elle a été emmenée de force au Sénat : « Des individus des présentant comme des policiers se sont introduit de force dans notre domicile familial…proféré des grossièretés (…) et m’ont trouvé dans ma chambre à coucher», a-t-elle indiqué. Présentée devant la commission,  Madame Mint El Boukhary souligne n’ «avoir répondu à aucune des questions posées, malgré les tentatives inquisitoriales des membres de la commission» et avoir  été «relâchée sans explication, après 6 heures de séquestration et tout juste une dizaine de minutes d’interrogatoires» (?!). « Il apparaît clairement que l’intention des instigateurs et exécutants de cette farce, est de créer un climat de peur et de suspicion, de nature à décourager toute résistance à l’action de force», ajoute la déclaration de la Première Dame de Mauritanie, que nous reproduisons ci-dessous.

        Déclaration de Madame Khattou Mint El Boukhary
Le 25 septembre 2008, aux alentours de 11 heures, plusieurs individus se présentant comme des policiers se sont introduits par la force dans notre domicile familial, sans aucune autorisation, ni mandat de quelque nature que ce soit.

 Après avoir bousculé des membres de la famille et proféré des grossièretés, ces individus aux allures inquiétantes m’ont trouvé dans ma chambre à coucher et ont voulu m’obliger à les suivre vers une destination inconnue.

Devant leur attitude de provocation manifeste, j’ai été amenée à les suivre sans aucune indication du lieu de destination, encadrée par des policiers en tenue. Dehors, un dispositif impressionnant de police bouclait entièrement le quartier et empêchait toute entrée ou sortie.

Un convoi de six véhicules remplis de policiers en tenue, s’est ébranlé et nous a déposé au Sénat. Sur place, mes deux avocats, Me Lo Goumo Abdoul et Me Moulaye Ghaly Ould Moulaye Ely nous ayons rejoint en même temps que de nombreux citoyens dont des parlementaires, venus aux nouvelles, ont été évacués de force du sénat par des dizaines de gardes et de policiers  directement aux ordres des sénateurs se présentant comme des membres d’une «commission d’enquête». L’un de mes deux avocats, Me Lo Gourmo a été rudoyé.

Après l’évacuation de mes avocats, empêchés de m’assister, je suis restée seule en face des individus soi disant membres d’une "commission d’enquête"  qui semblaient réciter une leçon sans conviction et qui, à tour de rôle, m’ont posé des questions de caractère général sur la Fondation, sans se référer à aucun fait  précis. Du fait de l’illégalité manifeste de cette "commission"  et des conditions de graves violations des libertés et droits à l’occasion de mon enlèvement et de ma séquestration, j’ai refusé de me prêter à la farce de cette  «audition à huis clos».

 Je n’ai répondu à aucune question posée malgré toutes les tentatives inquisitoriales des membres de cette «commission ».

Après plus de six heures de séquestration dont tout juste une dizaine de minutes «d’interrogatoire» et de tentatives maladroites de m’enregistrer, j’ai été relâchée sans autres explications.

De cette grave violation des règles élémentaires de l’Etat de droit, il apparaît clairement que l’intention des instigateurs et exécutants de cette farce est de créer un climat de peur et de suspicion de nature à décourager toute résistance à l’action de force et à la mise en échec cuisant de leur tentative de se servir de la Fondation et de ses principaux responsables. C’est une preuve supplémentaire pour justifier et faire accepter leur forfait.
 Nouakchott, le 26 septembre 2008
La Présidente de la Fondation KB
Khattou Mint El Boukhary



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