Tribune: Il suffit pour Tintane ! Par Souleymane Ould Sidialy    
22/08/2008

J’en ai assez de voir ma ville être le jouet des malversations intellectuelles et matérielles du personnel politique nouakchottois depuis plus d’un an. Dernier épisode, le président Sidi o Cheikh Abdallahi est renversé et le scandale de Tintane est retenu à charge. En l’espèce ; l’Etat, l’administration et le personnel politique ont surévalués sciemment les dégâts causés par les inondations de 2007 pour mobiliser un maximum d’aide internationale.



Tout le monde a pris le parti de confondre des démarches incompatible entre elles : l’action d’urgence et le développement d’une ville ! Il s’en suivit des aides disproportionnées par rapport à la situation. Ce qui était attendu est survenu. L’Etat ne pouvait qu’accompagner son mensonge en se laissant aller à des projets mal conçus ouvrant la voie à tous les détournements imaginables de l’aide.
Retour sur les faits :
En Août 2007, une inondation d’amplitude plus importante qu’à l’accoutumée pour la basse ville, tue deux personnes et provoque des dégâts matériels significatifs mais heureusement limités. Des ouvrages simples de génie civil auraient évacués les eaux en quelques jours et laisser toute latitude pour repenser le développement urbain de Tintane et celui de bien d’autres villes qui connaissent de semblables situations. En lieu et place l’on veilla à ce que les ilots inondés le demeurassent comme pour occulter la forfaiture.
Certes, le président de la république inaugura la fumisterie en déclarant à I’AMI que sa visite à Tintane lui a « permis de constater ce qu’ (il) ne pouvait connaître s’ (il) était resté à Nouakchott". Il a ajouté qu’il a ainsi constaté que la quasi-totalité des habitations de la ville sont entièrement endommagées et ne sont plus aptes à servir d’habitats.
Néanmoins, la dépêche du 9 août 2007 précitée, ajoute dans le texte, en dehors des guillemets : « il a ajouté ». Ce qui m’autorise à croire, par simple désespoir de cause, pour l’honneur du pays, que ce mensonge éhonté ne soit pas sorti directement de la bouche du chef de l’Etat.
De toute façon il est suffisamment honteux qu’un ministre se chargea de dire à l’AFP que : « Les habitants de la partie nord de la ville, qui représentent environ la moitié des 60 000 habitants, ont été victimes de la montée des eaux » et que les élus locaux surenchérissent en ajoutant que « les dégâts matériels s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros. Et que « Tout le commerce de la ville a été englouti par les eaux » (AFP 11/08/07).
Mais l’opposition n’est pas en reste : le 12 août, le communiqué conjoint de l’opposition fait état de réunions avec des gens aux boubous propres, qui lui ont laissé le temps de se rendre « compte de l’ampleur et de la gravité de la catastrophe » ; décrit une situation de famine (inexistante !) ; entérine le principe de la forfaiture du télescopage d’un projet de développement urbain avec les solutions à apporter à une inondation et se joint au gouvernement dans le racolage inconsidéré de l’aide humanitaire internationale.
En agissant ainsi, l’opposition tout en faisant concussion avec le mensonge, dĂ©montra la mĂŞme vision que le gouvernement pour mobiliser l’aide humanitaire vers le pays ! Il est vrai que depuis 48 ans, on a davantage vu les dirigeants de la Mauritanie monter des politiques pour mieux tendre la main que pour inciter les gens Ă  se retrousser les manches ! 

L’opposition comme la majorité d’alors, savaient , sauf à plaider l’incompétence, que lancer des projets de développement urbains dans une logique d’urgence, est une porte ouverte à toutes les dérives en matière de malversations, compte tenu de ce que sont les administrations, les ONG, les entreprises et les particuliers en Mauritanie.
Durant toute la période du tintamarre autour de Tintane, nous n’avons pas beaucoup entendu nos champions de la lutte anticorruption tenir des propos critiques sur les déviances attendues des plans d’urgences en général et celui de Tintane en particulier. Encore moins dénoncer les exactions qui apparurent dès le commencement de ce dernier.
Ce n’est que depuis que la lutte a été engagée pour faire choir le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi que, subitement on parle des malversations de la fondation KB dans le scandale de Tintane. La fondation KB, comme toute les jeunes ONG du pays, a grand besoin de transparence ! Mais les élus qui actuellement lui demandent des comptes seraient-ils en faveur d’une loi ou d’un décret du nouveau HCE , qui réglementerait clairement le financement des associations mais également la traçabilité des ressources et l’audit indépendant des comptes des partis et des compagnes électorales ?
Il est malséant d’en parler ? D’accord ! Mais qu’on laisse ma ville tranquille avec les ergotages au sujet de la corruption.
Encore une fois, ce sont les tintanois dont personne ne se soucie dans ces manipulations, qui restent sur le bord de la route…
Souleymane Ould Sidialy
17/08/08


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