J’ai vu il y a quelques jours « l’interview » donnée par Al- Barnawi à "Al Nabaa", l’hebdo de l’État islamique (EI) dans laquelle il est annoncé qu’il a été désigné « Émir de l’Afrique de l’Ouest» pour le compte de l’EI. J’ai suivi aussi la réaction de Shekau qui a refusé cette décision, estimant qu’il est « toujours vivant »
J’en suis sorti avec des remarques que je partage avec vous :
-Ni Al-Barnawi et encore moins Shekau ne me semblent plus exercer un pouvoir réel sur la nébuleuse de Boko Haram. Le premier a été désigné par interview et le second a réagi par un élément audio. On est loin donc de la profession de foi faite par vidéo, où le chef « jihadiste » s’exprime sur le terrain, l’arme en bandoulière au milieu de ses hommes.
-Le désaveu de Shekau ne se justifie pas, comme certains le pensent, par sa mise en œuvre d’une stratégie de la terreur (attentats aveugles ) mais surtout par son incapacité temporaire de travail (ITT). Car blessé par les tchadiens à la panse à Dikwa en février 2015, Shekau avait lui-même annoncé sa fin, dans une vidéo en avril 2015. Quatre dirigeants du Boko Haram ont pris les devant depuis lors: Mahamat Daoud , Al- Barnawi , Abou Zinira et Bana Bulachira (à ne pas confondre avec Bana Fanaye ratatiné par les tchadiens)
-L’EI aura par la désignation d’Al Barnawi suscité une dissidence dans l’une de ses « provinces » majeures à un moment où l’EI lui même est sous pression et peine à préserver la vie de ses propres chefs à Fallouja, Mossoul, Rakka, Manbij, Syrte etc…
-Par sa réaction, Shekau est en effet entré en dissidence dont on ne sait quelle sera l’issue. Aura-t-il le dessus ? Reviendra-t-il à Al-Qaida ? Sera-t-il liquidé ?
-Des défis se posent aussi à Al-Barnawi. Comment s’affirmera-t-il ? Et comment s’y prendra-t-il face aux autres chefaillons du Boko haram qui écument la forêt du Sambisa, les iles Karagma et celles du Lac Tchad ? IOMS
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