Le FNDU et le RFD appellent au boycott du référendum constitutionnel   
30/11/2016

Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) et le parti Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) ont annoncé mardi, lors d’une conférence de presse conjointe, leur intension de boycotter le référendum constitutionnel prévisible ...



... et leur rejet total des résultats du dernier dialogue national inclusif. Ils ont également critiqué la situation économique du pays.

Cette rencontre a regroupé les leaders du FNDU, du RFD et de l’Union Nationale pour une Alternance Démocratique (UNAD).


Voici la déclaration conjointe:
Les amendements constitutionnels proposés ne sont pas le fruit d’un dialogue véritable car ils se limitent à ceux annoncées à Néma par Ould Abdel Aziz et à ceux proposés par son parti au cours du dialogue unilatéral que le pouvoir a tenu à organiser avec ’’les présents’’ dans une atmosphère carnavalesque qui exclue toute discussion politique constructive. En plus de cela, ils ne revêtent aucun caractère d’urgence et n’apportent aucune solution aux problèmes de fond que connait le pays, à savoir la crise politique qui se manifeste surtout dans la non neutralité de l’Etat et sa prise en otage par le pouvoir contre les autres acteurs politiques. Ils ignorent les problèmes aigues dont souffre la société, tels l’esclavage et ses séquelles et l’unité nationale et ses exigences, à commencer par le règlement du passif humanitaire. Ils occultent la mauvaise gouvernance  qui se manifeste à travers la généralisation de la gabegie, de la corruption, du pillage des ressources nationales et la déliquescence de l’Administration.
Le changement du drapeau et la réhabilitation de la résistance ne sont qu’une nouvelle manœuvre démagogique du pouvoir après la faillite du slogan de ’’la lutte contre la gabegie’’ depuis que les mauritaniens ont pris la mesure de l’incurie et du pillage qui caractérisent le pouvoir dont le chef s’obstine, en violation de la loi, à refuser de publier les biens qu’il a accumulé depuis son arrivée au pouvoir ; après la mise à nu du slogan du ’’président des pauvres’’, les citoyens devenant jour après jour plus pauvres, alors que le chef du pouvoir et les siens ne font que s’enrichir au vu et au su de tous ; après l’échec du slogan ’’les jeunes sont l’espoir’’ alors que le chômage, le désespoir et l’absence de perspectives sont devenus le lot de centaines de milliers de nos jeunes. Il s’agit donc d’une nouvelle tentative de masquer les échecs du pouvoir et de détourner le peuple par des controverses et des querelles stériles de ses vrais problèmes, à savoir la pauvreté, la cherté de la vie, la montée des prix, la généralisation du chômage, la détresse et la perdition de la jeunesse, la dégradation de l’enseignement, la détérioration de la santé et la faiblesse de l’accès à la justice et aux services publics.
La gouvernance catastrophique de Ould Abdel Aziz a fait éclater toutes sortes de contradictions au sein de ce peuple. La société mauritanienne est traversée par des contradictions aigues, identitaires, communautaires, régionales et tribales qu’avivent quotidiennement les comportements et les politiques du pouvoir, et qui menacent de manière inquiétante l’unité du peuple et l’existence même du pays. Aujourd’hui, la Mauritanie a, plus que jamais, besoin que l’on consolide son unité, que l’on resserre les mailles de son tissu social et que l’on résolve les problèmes qui troublent son harmonie, au lieu de lui ajouter de nouveaux sujets de discorde pour créer le désordre et désintégrer la société de manière consciente et préméditée.
La Constitution ne doit être révisée que dans une situation politique normalisée et pour résoudre des problèmes qui gênent le fonctionnement des institutions ou qui entravent le progrès de la Nation. Or, la révision projetée ne porte que sur des questions controversées, en l’absence totale de la neutralité de l’Etat et avec des institutions dont certaines sont devenues obsolètes tandis que d’autres ont été élues dans des conditions non consensuelles.
Il est inconcevable d’organiser un référendum ou des élections crédibles dans les conditions actuelles, en l’absence totale de la neutralité de l’Etat, de garanties réelles de transparence et d’instances d’organisation et de supervision dont la compétence, la crédibilité et la neutralité sont incontestables. Comme il est également inconcevable d’organiser un scrutin libre et honnête avant une révision du fichier électoral qui permet de l’amener à un niveau acceptable et avant la levée des obstacles qui privent un grand nombre de citoyens d’obtenir leurs pièces d’état civil.
Il n’y a aucune raison qui justifie le changement du drapeau national qui est devenu le symbole auquel les mauritaniens s’identifient depuis l’indépendance, par lequel la Mauritanie est connue à travers le monde, pour lequel nombre de valeureux fils de ce pays se sont sacrifié, que des générations d’enfants, de soldats et d’officiers se sont habitués à saluer et à respecter, et qui est devenu une composante du patrimoine de ce peuple et un élément de sa mémoire collective et de son histoire. Depuis son indépendance, la Mauritanie a vu se succéder plusieurs régimes civils et militaires et a vu se développer plusieurs mouvements politiques dont le patriotisme ne peut être mis en cause. Aucun de ces régimes et aucun de ces mouvements n’a jamais mis en cause les symboles de la Nation. Pourquoi ce changement maintenant et quels en sont les vrais mobiles ?
La réhabilitation de la résistance suppose avant tout la réhabilitation des valeurs qui sont les siennes, dont la sauvegarde de la liberté du citoyen et le respect de ses droits et de sa dignité que le pouvoir actuel piétine avec dédain et mépris et s’emploie, par tous les moyens, à enterrer. Cette réhabilitation doit se faire sans toucher aux autres constantes et symboles du pays, en écrivant et en enseignant son histoire loin de toute démagogie, en érigeant des monuments à sa gloire, en donnant les noms de résistants à des rues, à des casernes, à des promotions militaires et universitaires, à  des écoles et autres institutions, et en réhabilitant et en entretenant leurs tombeaux, etc.
Malgré leur importance de principe et le rôle qu’ils pourraient jouer dans le processus de développement, il n’est pas nécessaire de ’’constitutionnaliser’’ les conseils régionaux car cela ne leur offrirait pas un sort meilleur que celui des institutions constitutionnelles existantes que le régime a vidé de leur substance, en leur ôtant les compétences que leur confère la loi et dont jouissent leurs homologues dans les pays semblables au nôtre.
La suppression du Sénat ne peut et ne doit se faire que dans des conditions consensuelles qui font défaut au référendum projeté, surtout que cette institution n’a jamais été un obstacle devant la marche de l’Etat et le fonctionnement des institutions. Le fait de dire que les conseils régionaux peuvent suppléer ou remplacer le Sénat  est une aberration, car ces institutions ne se recoupent en rien et ne s’opposent en rien et n’ont rien de commun tant dans leur nature que dans leurs fonctions : le Sénat est une chambre législative au niveau national et les conseils régionaux sont des outils de développement régional.
Le problème ne réside pas dans le fait de supprimer une institution ou d’en créer une autre. Il réside dans le fait que, sous le pouvoir actuel il n’y a pas de définition ou de séparation des pouvoirs, il n’y a d’ailleurs pas de pouvoirs en dehors de ceux que concentre le chef de l’Etat entre ses mains et dont il use et abuse en violation des lois et des règlements. C’est pourquoi aucune institution n’aura d’intérêt réel que le jour où l’Etat aura retrouvé son mode de fonctionnement normal et les institutions leurs fonctions traditionnelles.
Partant de ce qui précède, nous en appelons au peuple mauritanien et à toutes ses forces patriotiques, partis politiques, organisations de la société civile, regroupements et initiatives des jeunes, pour coordonner leur efforts, unir leurs action et intensifier la lutte pour s’opposer aux manœuvres du Général Mohamed Ould Abdel Aziz et faire échouer ses plans visant à semer la discorde et le chaos afin de continuer à prendre l’Etat en otage.

 

Nouakchott, 28 Safar 1438 - 29 Novembre 2016

 

 

LE RASSEMBLEMENT DES                                                        LE FORUM NATIONAL POUR

FORCES DEMOCRATIQUES                                                      LA DEMOCRATIE ET L’UNITE

              (RFD)                                                                                                 (FNDU)   


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