AFCF : célébration de la journée internationale contre les violences faites aux femmes   
26/11/2016

L’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF), a célébré, le 25 novembre dernier, à l’instar du monde entier, la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une célébration intervenue dans un contexte national marqué par ...



... la recrudescence de la violence contre les femmes. Aminetou Mint Moctar et Salimata Sy Camara sont revenues amplement sur cet aspect qui défraie la chronique ces derniers temps par le meurtre d’une femme par un policier à Arafat, en banlieue de Nouakchott.
Elles étaient plusieurs femmes dont certaines viennent de l’intérieur du pays, à se joindre à l’AFCF pour célébrer, ce 25 novembre 2016, la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. En Mauritanie, « un pas a été franchi sur le plan législatif en ce sens qu’un projet de loi a été adopté par le gouvernement et soumis à l’assemblée nationale, mais il reste beaucoup à faire d’autant plus que nous estimons qu’une loi est attendue en plus d’autres sur certains aspects de la violence faite aux femmes» a souligné Mme Salimata Sy Camara vice présidente de l’Afcf. Toutefois, elle a regretté la recrudescence de la violence en Mauritanie avec 68% des cas dont la majorité constitue les violences conjugales. Ce qui lui a permis de qualifier de « catastrophique » le bilan de cette forme de violence en Mauritanie. « Nous subissons les pires formes de violence en Mauritanie » dit-elle en mettant l’accent sur la violence faite aux femmes par les femmes, même si les hommes sont aussi pointés du doigt. « Toutes les femmes doivent être protégées. Il n’est pas permis aujourd’hui en ce 21e siècle de vivre ce genre de situation » poursuit-elle invitant la presse à s’approprier de la question pour dénoncer le phénomène et inciter les décideurs étatiques à aller dans le sens de l’éradication des violences à l’égard des femmes. Car, indique-t-elle, «en Mauritanie, les pesanteurs sociales prennent encore le dessus sur l’évolution du monde». Il faut donc, « protéger la femme » a-t-elle soutenu. Elle a appelé les juges, les magistrats et l’Etat, à l’application stricte de la loi. « Il faut qu’il y ait une indépendance entre le pouvoir  judiciaire et le pouvoir exécutif afin que justice soit rendue pour tout le monde », a-t-elle martelé. Faisant allusion au combat de titan que mène l’Afcf, avec le prix sur la protection des filles mineures domestiques obtenu et reçu par la présidente Mme Aminetou Mint Moctar il y a quelques jours. Ce dont elle se félicite vivement estimant que c’est le couronnement d’autant d’efforts consacrés à la lutte pour la protection de cette couche sociale.
Pour sa part, Mme Aminetou Mint El Moctar, est revenue sur l’effort commun qui a été le fruit de résultats probants qui lui a valu ce prix. Indiquant que les violences ne concernent pas que la Mauritanie, mais le monde entier, elle a tenu à faire un plaidoyer pour l’éradication totale de toutes les formes de violences à l’égard des femmes. Elle a sollicité au gouvernement mauritanien d’adopter le cadre juridique sur les violences faites aux femmes tenant compte que les violences domestiques ne sont pas encore légiférées. Elle a demandé à lever les réserves qui restent sur l’élimination de toutes les formes de discriminations et de violences à l’égard des femmes dont notamment celle du mariage (art 16 de la CEDEV) et de l’héritage. « Nous continuons le plaidoyer sur cette question mais nous lançons à toutes les organisations féminines notamment à l’endroit des femmes leaders pour lever toutes les réserves » parce qu’elle considère que celles-ci sont politiques et non religieuses. « Il faut créer une synergie d’actions pour éradiquer le phénomène et pour que la Mauritanie applique les lois et les conventions qu’elle a ratifiées car se sont des engagements à respecter à la lettre » a-t-elle soutenu.

 
Les assistantes sociales aussi …
Les témoignages des assistantes sociales, points focaux de l’Afcf, sont accablants. Mme Zeiya Mint Nah, coordinatrice de l’Afcf au Guidimakha, venue représenter les femmes rurales, a dénoncé la situation que vivent ces dernières au quotidien dans ces contrées de l’intérieur du pays. « Nous luttons à côté de notre présidente pour l’amélioration des conditions des femmes rurales qui vivent des violences comme toutes les autres femmes du monde » a-t-elle souligné.
Même son de cloche chez Maïmouna Hamady, femme de terrain. « Chaque jour, nous vivons toutes les catégories de violences dans la banlieue. C’est le moment ici et à cette occasion, de dénoncer le phénomène et d’exiger l’arrêt des violences sur les femmes. Nous demandons à la Mauritanie d’appliquer les lois en la matière pour permettre à la femme mauritanienne de vivre décemment ». En outre, elle a soulevé les problèmes rencontrés sur le terrain liés aux pesanteurs sociales.
Pour sa part, Mme Fatou Niang, assistante sociale de l’Afcf, elle a souligné les difficultés rencontrées dans l’accompagnement des victimes relatives au manque de confiance des populations et de méfiance à leur encontre. Elle a souligné des cas emblématiques de violences faites aux femmes dont notamment le meurtre d’une femme par un policier à Arafat. « Il faut que la loi s’applique afin que cesse ce genre de comportement à l’égard des femmes » a-t-elle dit exigeant l’éradication de ce fléau. Quant à Coura Ly chef de projet à Terre des Hommes Lausanne, elle s’est permise de donner quelques statistiques de la violence notamment chez les enfants. « De 2009 à 2016, plus de 10.209 enfants domestiques sont victimes de violence et de maltraitance » révèle-t-elle. A cet effet, elle a demandé à toutes les femmes de s’unir pour faire un plaidoyer afin de sortir la femme de cette situation. Car, dira-t-elle, « depuis 2011, un avant projet de loi sur le travail des enfants dort dans les tiroirs du ministère ». Toutefois, elle a  exhorté  à toutes les femmes sur le terrain de redoubler d’efforts afin de sortir la femme de cette situation de précarité, d’injustice et de maltraitance sur toutes ses formes.
L’Afcf a saisi cette occasion pour célébrer la journée internationale de l’Enfant, organisé le 20 novembre dernier à travers le monde. L’Afcf a dénoncé tous les sévices subis par les enfants notamment ceux évoluant dans le milieu du travail et dans d’autres domaines de la vie sociale. « Nous demandons à ce que les violeurs des enfants notamment soient punis conformément à la loi » a dit Aminetou Mint Ely, présidente de l’Afcf. Et Mme Salimata Sy Camara d’interpeller l’Etat pour l’adoption d’un cadre juridique approprié afin d’éliminer toutes ces formes de violences à l’égard des femmes et des enfants.
I.Badiane


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