Courrier: Gagnant, gagnant, mais sachons le rester.   
04/07/2008

La crise politique que le pays vient de traverser a connu, entre mercredi et jeudi derniers, un développement spectaculaire que dénote d’une grande maturité politique et surtout d’un grand sens de la manœuvre de la part du Président de la République Sidi Ould Cheikh Abdallahi.Après avoir laissé la scène bouillir de toutes les maladresses et de toutes les mesquineries qui sous-tendent les ambitions d’une majorité que je n’ai pas hésité à qualifier de mercenariat, après avoir essayé de se tenir à l’écart des dissensions internes au parti Adil et aux groupes de partillons qui se sont greffés autour de lui.



Le Président s’est révélé, en deux manœuvres spectaculaires, immensément plus grand que tous les hommes et femmes qui s’agitent aujourd’hui sur la scène politique « au nom du peuple » : Un discours tonnant dans lequel il a remis chacun à sa place : les députés, qui se croient intouchables, les officiers généraux auxquels on brodé une image de marionnettistes qu’ils n’ont peut-être jamais voulu être et le peuple auquel il a rendu son droit en rappelant à tout le monde qu’il n’hésitera pas à renvoyer le litige devant lui.
Ce discours, les mauritaniens l’ont bien accueilli et ils se souviendront un jour qu’il Ă©tait nĂ©cessaire et que le PrĂ©sident, en le prononçant, a pris date pour l’histoire. Il a rĂ©vĂ©lĂ© aux populations un PrĂ©sident de la RĂ©publique fort de la lĂ©gitimitĂ© du peuple, dĂ©terminĂ© et courageux.  Pendant les 24 heures qui l’ont suivies, les mauritaniens ont respirĂ© se sachant dirigĂ©s par un homme en qui ils peuvent avoir confiance.
 
Le lendemain, et alors que les frondeurs commençaient à se réveiller de l’étourdissement que leur a laissé cette adresse dont ils n’ont pas le niveau, un autre coup est assené à leur poussée vindicative : Le gouvernement dont ils ont fait le mobile de leur mobile pour engager un processus de déstabilisation du pouvoir rend le tablier, avec élégance et haute responsabilité.
Un coup de grâce : la motion devient sans objet, et les ardeurs dopées par l’approche de la chute de l’adversaire sont soudain tombées.

Qu’il ait suggéré à son Premier ministre de le faire ou que celui-ci l’ait fait de lui-même, Sidi Ould Cheikh Abdallahi a voulu dire, mercredi et jeudi à ceux qui lui ont manqué de respect en refusant d’entériner un gouvernement qu’il a choisi parmi eux d’abord puis en qualifiant son discours d’immixtion dans les affaires du Parlement : « Poussez-vous de là, nous allons faire de la politique ! » Et il a permis que tout le monde sort gagnant de ce bras de faire inutile dans lequel notre pays est engagé depuis deux mois autour des postes ministériels et prébendes du pouvoir !

Sidi nous a tous sortis d’un embarras : les députés d’une dissolution qui leur aurait fait perdre ce qu’ils cherchent à augmenter (les avantages matériels que leur procure leur mandat), les militaires de l’aventure d’un coup d’Etat qu’ils n’auraient pas pu réussir totalement ou en tout cas pas pour longtemps, le gouvernement d’un motion de censure qui aurait conduit à sa chute de piètre manière.

Mais sachons donc rester gagnant-gagnant et oublions cet épisode indigne de la Mauritanie d’après le 03 août : celle qui a intelligemment manœuvré avec une junte militaire qui, comme toutes les juntes, voulaient s’incruster au pouvoir, celle qui a évité tous les pièges tendus pour la pousser vers l’émiettement, celle qui a élu le plus sage et le plus sincère des candidats à la présidence…
La Preuve que Sidi a bien manœuvré et qu’il a gagné lui, aussi est la suivante : Ahmed Ould Daddah n’a rien trouvé pour « tirer »(yashkat, en hassaniya) le Président que cette phrase : « Sidi Ould Cheikh Abdallahi a révélé sa faiblesse au grand jour » ; c’est-à-dire exactement le contraire de ce que tout le monde a compris. Vive Sidi !!!

Dahada Ould Moctar


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