RĂ©gions: Les chantiers de Rosso survivront-ils aux pluies?   
19/06/2008

La ville de Rosso traĂ®ne une mauvaise rĂ©putation. C’est  celle de  «capitale des moustiques». Cette image peu flatteuse lui vient de paramètres gĂ©ographiques qui en font le rĂ©ceptacle grandeur nature des eaux pluviales qui maintiennent pendant les longs mois de la pĂ©riode hivernale l’écrasante majoritĂ© des populations, les pieds dans l’eau et Ă  la merci des affres du paludisme.



Cette situation est en passe de basculer dans le domaine du passé, si l’on en juge les travaux titanesques de canalisations entreprises dans la capitale du Trarza par la mairie locale. La question qui se pose est de savoir si le délai imparti suffit pour la livraison des infrastructures compte tenu de l’hivernage qui se profile à l’horizon.

Rosso est bien méconnaissable ces derniers temps. En effet, pour qui connaît les artères des quartiers de l’Escale, Médine, N’Diourbel et surtout, Satara, l’image offerte ces dernières semaines est bien singulière.
 En effet, d’oĂą que l’on se trouve, la ville offre l’image d’un gigantesque chantier Ă  ciel ouvert. Partout, de gros engins sont Ă  l’œuvre et des Ă©quipes travaillent jour et nuit sur une canalisation gĂ©nĂ©rale de la ville. LĂ  oĂą l’on passe, selon que l’on roule en voiture ou que l’on soit Ă  pied, il faut faire des manĹ“uvres pour enjamber ou contourner de gros tas de boue que les camions pelleteuses dĂ©posent en boucle dans la ville , les chargeurs, pelles mĂ©caniques, nivelleuses, compresseurs, groupes Ă©lectrogènes tournent Ă  plein rĂ©gime. En fait, il s’agit d’une initiative de la commune de Rosso qui, sur financement de la Banque Mondiale a dĂ©cidĂ© d’en finir avec ce lourd handicap qui faisait que la ville Ă©tait si enlaidie et submergĂ©e par les eaux de pluie qu’une grande partie de ses occupants ne voyaient d’autre alternative que de fuir la ville pendant les longs mois pluvieux pour ne revenir qu’à la belle saison.  Pour l’heure, la parole est Ă  la mĂ©canique. Monsieur Abdoul Wahab Fall, debout sous un soleil de plomb, regarde un engin excaver le grand canal  contigu au mur de la Moughataa, une escouade de conducteurs et d’ouvriers sont Ă  son Ă©coute. Il donne des ordres et pilote l’avancement des opĂ©rations : « Nous travaillons pour le compte de la GEAUR (GĂ©nĂ©rale des Eaux et de l’Assainissement Urbain du SĂ©nĂ©gal). Notre entreprise opère en regroupement avec la MIDEP, une entreprise mauritanienne sous  la surveillance de l’AMEXTIPE. Il s’agit de Ă©difier des bassins versables pour le drainage et l’évacuation des eaux de pluie de la ville de Rosso. Le travail s’articule en deux phases : celui de l’amĂ©nagement du bassin versable de Satara et celui de Rosso ville Ă  travers les localitĂ©s de N’Diourbel, MĂ©dine et le plateau de Rosso Escale. Nous sommes entrain de construire une station de pompage qui se chargera de l’évacuation des eaux de pluies. Nous travaillons 24 heures sur 24. »  Il est vrai que les hommes sont bien Ă  l’ouvrage, mais le temps ne semble pas jouer en leur faveur. En effet, la saison des pluies qui s’annonce n’est pas pour apporter la sĂ©rĂ©nitĂ© des hommes sur le terrain. en clair, si une partie des canaux collecteurs d’eau a Ă©tĂ© recouverte par des dalles en bĂ©ton, plusieurs autres sont encore bĂ©ants s’ils ne sont pas encore entrain d’être coffrĂ©s. De plus, la terre de Rosso est argileuse et il n’est pas dit que les premières pluies seront absorbĂ©es par les innombrables tas de boue qui parsèment la ville de bout en bout. C’est le contraire qui est attendu : une disgracieuse retenue d’eau que les populations devront souffrir Ă  vivre. Le dĂ©lai d’exĂ©cution des travaux prĂ©vu Ă  la fin du mois de juillet semble bien court. C’est pour cela que bien d’interrogations demeurent posĂ©es sur la table : pourquoi avoir engagĂ© des travaux aussi  conditionnĂ©s aux alĂ©as climatiques seulement en fin avril quand on sait que l’hivernage approche ? Ne risque-t-on pas de rendre la tâche plus complexe en cas d’inondation des fosses et canaux dĂ©couverts ? En attendant, les Ă©quipes sur le terrain continuent Ă  forer et Ă  dĂ©verser des tonnes de boue dans le plus grand stoĂŻcisme.
Biri N’Diaye


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