Référendum constitutionnel au Sénégal : Un choix en faveur de la démocratie, un test pour le pouvoir en place   
18/03/2016

 Le peuple sénégalais est appelé, dimanche 20 mars , à se prononcer par référendum sur la réforme constitutionnelle qui propose notamment la réduction du mandat présidentiel. Cette consultation définira certes les contours et la voie à suivre pour ...



... raffermir l’édifice démocratique du pays, mais elle est également perçue comme un vrai test pour le pouvoir en place.
 En effet, le jeu est tellement serré entre les protagonistes de la scène politique nationale, à tel point qu’il est difficile d’anticiper qui des deux forces en compétition va gagner le scrutin.
 Durant la campagne électorale, les alliés du président Macky Sall n’ont pas lésiné sur les moyens pour convaincre l’électorat sur le bien-fondé de la réforme. Aussi, le Front du Non s’est-il investi énormément pour faire valoir ses positions, mais les résultats du vote constituent, en dernier ressort, le seul paramètre démocratique pour clore le débat sur la révision constitutionnelle qui vise, selon la mouvance présidentielle, à garantir la stabilité politique et sociale du pays.
 Jusqu’à présent, rien n’indique clairement qui des deux blocs rivaux va gagner, tous les scénarios sont envisageables et l’expectative est de mise.
 Néanmoins, les observateurs de la scène politique nationale estiment que le Sénégal, un pays qui sait dans les moments les plus cruciaux de son évolution prendre les bonnes décisions, ne dérogera pas à la règle même cette fois-ci.
 Et les analystes de mettre en avant les spécificités du pays de la Téranga, un peuple aux imbrications traditionnelles et religieuses uniques dans le monde.
 Certainement, le Sénégal a une grande particularité démocratique car même dans les pays développés, on ne verra pas un candidat proposer la réduction de son mandat comme c’est le cas dans ce pays d’Afrique de l’ouest qui compte une population de plus de 13 millions habitants caractérisée par sa jeunesse.
 Sur ce point précisément, les spécialistes des questions africaines sont d’avis que les jeunes constituent la force qui déterminera, en grande partie, le vainqueur du référendum.
 Au Sénégal, le débat sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans a commencé avec l’avis du Conseil constitutionnel. Durant les premiers jours ayant suivi cette décision, les joutes verbales sur le référendum faisaient rage et la question a fait couler beaucoup d’encre.
 Les acteurs politiques, toutes tendances confondues, se sont lancés dans l’explication des enjeux du vote et chaque partie s’est déployée à fond pour mettre en exergue les motivations qui sous-tendent sa décision.
 Pour la majorité présidentielle, il s’agit surtout d’emporter une large adhésion autour des réformes et faire en sorte que le Oui gagne, estimant que ce référendum s’aligne comme une élection test pour le président Macky Sall.
 En cas de victoire de Oui, soutient-on, le chef de l’Etat sera conforté dans sa décision légaliste de respect des dispositions constitutionnelles.
 Si les alliés politiques du président considèrent le référendum comme le meilleur gage d’une appropriation populaire de la réforme, les analystes, eux, estiment que le bloc du Oui a un immense défi à relever, celui de faire massivement gagner le scrutin face à une opposition qui a saisi l’occasion pour se remobiliser et serrer les rangs.
 Dans la foulée, les partisans du Oui relèvent une contradiction dans l’argumentaire de leurs adversaires qui disent défendre le quinquennat alors qu’en votant Non ils font en sorte de maintenir le septennat.
 Suivant ce raisonnement, plusieurs diplomates en mission à Dakar prédisent que le Oui gagnerait avec plus de 75 pc des voix.
 Néanmoins, au cas où ces pronostics s’avèreraient inexacts, les calculs des uns et des autres seront compliqués et l’hypothèse d’organiser une élection présidentielle anticipée n’est pas à écarter, car la tâche sera difficile de gérer les affaires du pays si le peuple désapprouve la réforme qualifiée par le président sénégalais lui-même de révision constitutionnelle "la plus profonde de l’histoire du pays".
 Face donc à ce scénario éventuel, le Front du Non mobilise ses efforts, mettant à profit le contexte du référendum marqué par le renoncement par le chef de l’Etat à réduire son mandat, ce qui a créé un élan d’unification des organisations que rien ne liait au départ.
 Pour l’opposition, la valeur de la réforme est "minime", avec en plus l’inconvénient de noyer dans une polémique juridique "une question centrale essentiellement politique et visionnaire que l’histoire aurait retenu, à savoir la réduction d’un mandat présidentiel à contre-courant des dérives en cours sur le continent".
 Le projet de réforme "est construit sur du sable mouvant car il est expurgé de l’éthique et de la morale qui doivent en constituer la sève nourricière", souligne-t-on.
 La messe est donc dite. Les deux protagonistes savent pertinemment que les résultats du référendum vont clarifier davantage le jeu politique et définir les forces capables de gagner les élections législatives de 2017.
 C’est pourquoi les analystes considèrent ce référendum comme un baromètre pour tester les capacités des acteurs politiques à mobiliser les citoyens.
 C’est ce qui explique, aussi, pourquoi ce référendum, qui tient en haleine l’opinion publique et les observateurs de la scène politique locale, constitue un avant-goût pour les échéances de 2017.
 Tout compte fait, la question qui interpelle toutes les forces politiques du pays est de savoir si vraiment le référendum vise à mieux préparer l’avenir du Sénégal en renforçant son édifice démocratique ou simplement à échafauder des stratégies politiciennes en vue de remporter les élections de 2017.
 En définitive, seuls les résultats du scrutin référendaire apporteront une réponse sincère et objective à ces interrogations pour clore le débat sur la réforme. L’essentiel est de voir comment le peuple sénégalais entend négocier le virage d’un nouveau palier vers le progrès et à quel cadence souhaite-t-il avancer pour promouvoir le processus démocratique en vue de faire du Sénégal un pays émergent.
 MAP


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