Pourquoi le documentaire -Salafistes- fait polĂ©mique?   
26/01/2016

Projection houleuse au Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) de Biarritz, interdiction aux moins de 18 ans demandée par la commission de classification… Les Salafistes du Français François Margolin et du journaliste mauritanien Lemine Ould M. Salem font parler d’eux.



Le documentaire qui devait sortir en salles mercredi 27 janvier fait polémique, au point que ses auteurs ont décidé de le retoucher. Une nouvelle version est attendue par le ministère de la culture qui doit rendre son avis définitif.


Que raconte le film ?

Sans voix off, le film laisse la parole aux théoriciens du terrorisme islamiste que les auteurs ont rencontrés en Mauritanie, au Mali, en Tunisie ou encore en Irak depuis 2012. Il montre l’application de la « charia » au quotidien : les femmes rabrouées par la police islamique dans le nord du Mali car leur voile n’est pas parfaitement ajusté, l’amputation de la main d’un voleur, l’exécution publique d’un berger touareg… Cette dernière scène a d’ailleurs inspiré le film Timbuktu, primé à Cannes et récompensé de sept Césars.

Les entretiens avec des responsables politiques d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et des autorités religieuses salafistes sont entrecoupés de vidéos de propagande du groupe djihadiste Etat islamique (EI) et d’Al-Qaida mais également d’images amateurs filmées lors des attentats du 11 septembre 2001 et de l’attaque contre Charlie Hebdo.


Quels sont les reproches qui lui sont faits ?

Salafistes montre des extraits de vidéos de propagande d’Al-Qaida et de l’EI, dont la violence a « semblé le meilleur des contrepoints » aux auteurs, a expliqué François Margolin à l’Agence France-Presse.

Sans commentaires ni voix off, elles sont insérées entre les vidéos tournées par le journaliste mauritanien Lemine Ould M. Salem et celles des amateurs. Une égalité de traitement qui en rend la lecture compliquée, selon la critique du Monde, qui regrette le manque de mise à distance du sujet par les réalisateurs.

Pour l’écrivain et cinéaste Claude Lanzmann, au contraire, la variété des documents en fait un « véritable chef-d’œuvre éclairant comme jamais aucun livre, aucun "spécialiste" de l’islam ne l’a fait, la vie quotidienne sous la "charia", à Tombouctou, en Mauritanie, au Mali, en Tunisie, en Irak. »

Interviewé par Le Monde, Lemine Ould M. Salem se défend par ailleurs de faire la propagande, soulignant que son film montre également plusieurs scènes de résistance et dissidence aux djihadistes.


Comment le documentaire a-t-il été remanié ?

L’une des scènes du documentaire d’origine montrait des images non floutées de l’assassinat d’Ahmed Merabet, le 7 janvier 2015 sur le boulevard Richard Lenoir, alors qu’il tentait de stopper les frères Kouachi après la tuerie de Charlie Hebdo.

Contacté par Télérama, le réalisateur François Margolin a expliqué avoir coupé cette scène dans la nouvelle version du film. Une décision qu’il affirme avoir prise avant même la décision de la Commission de classification de l’interdire aux moins de 18 ans, par respect pour la famille du policier qui lui avait demandé. Télérama précise par ailleurs que le documentaire sera également expurgé de l’amputation de la main d’un homme, supplice réservé par la charia aux voleurs.


« Salafistes » sortira-t-il mercredi ?

A la veille de sa sortie prévue, le documentaire n’avait toujours pas reçu de visa d’exploitation. Le ministère de la culture attendait toujours de visionner, lundi 25 janvier au soir, la version remaniée du documentaire pour donner un avis définitif.

Joint par téléphone par Le Monde, François Margolin restait confiant dans la possibilité de boucler ce processus avant la sortie mercredi dans les cinq salles (deux à Paris, une en banlieue, deux en région) qui, selon lui, ont déjà programmé Salafistes.





Le Monde


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