La viande trimbalée : Risques sanitaires   
01/04/2008

Quel est le mauritanien capable de rester deux journées complètes sans consommer de la viande? C’est une question à laquelle il serait difficile de répondre tant les habitants de ce pays portent un goût immodéré sur la matière. Tous les types de viandes passent certes dans la marmite mauritanienne, mais la viande de mouton est de loin la plus appréciée.



Seulement, si elle est vendue à tous les coins de rue, l’on est en droit de se demander : quelle viande mangeons-nous ?

L’argent se fait rare. Les ceintures sont si serrées que certains ont du mal à respirer car la boucle frotte sur les os. Dans les ménages, à la fin de chaque mois, l’on se décide de la denrée à sacrifier pour le mois suivant. La cause ? Le prix du produit acheté il y’a un mois a subit une hausse vertigineuse.
On fait le compte et on décide. Mais il existe une denrée dont on n’aura beau décidé de l’élimination sinon de la rationalisation mais qu’on finira par acheter par la force des «liens traditionnels Â» qui la lie à nous. Il s’agit de la viande et particulièrement celle de mouton. Ceci, du fait de traditions séculaires qui veulent que c’est celle-là qui est la plus noble et donc la plus savoureuse. C’est ce qui explique que le mauritanien ne dédaigne pas la viande de dromadaire, de bÅ“uf ou dans une moindre mesure de volaille qu’il lui arrive d’inscrire dans son alimentation mais, il reste que manger de la viande de mouton est synonyme de «bien manger.» c’est pourquoi, même les personnes de conditions modestes n’hésitent pas à s’offrir une livre de viande de mouton que la famille mangera en ragoût tous les deux jours. C’est également le cas de jeunes gens sans revenus attestés qu se permettent quand ils le peuvent, une descente dans les dibiteries pour se taper quelques grammes de viande de mouton méchoui. Ils vous diront qu’ils ont mangé du vrai. Entendez par là de la viande de mouton.
De la viande du mouton ou rien.
Il s’avère donc que nous autres mauritaniens entretenons avec cet aliment d’origine animale des liens inextricables. Ceci a pour conséquence la prolifération des points de vente à tous bouts de champs. De la viande de mouton, il y’en a partout. Il suffit de lever les yeux pour voir gigots, côtelettes et abats. Le problème est qu’à côté des bouchers qui proposent de la viande en principe sous contrôle vétérinaire sur les places officielles des marchés, il existe des bouchers qui font du « braconnage Â» et écoulent tranquillement leurs produits. En effet, l’on a pris l’habitude de les rencontrer dans les grands marchés de la capitale où ils ont fini par se confondre avec le décor. Ces individus exposent pendants des heures durant des quartiers de viande dans des bassines en général en fer et infectes. Ils vendent aux passants des morceaux de chair que ces derniers prennent et consomment sans se poser de questions sur la provenance. Ils ont tout un arsenal de trucs dont ils usent pour convaincre l’acheteur que c’est bien de la viande de mouton qu’ils lui proposent. Il y’a la tête que l’on met bien en évidence, si cela ne suffit pas, ils montrent les pattes et la peau. Aux plus pointilleux, ils indiquent la queue qui est encore rattachée aux corps de l’animal.
La faute au moins cher
Cette preuve a certes le don de rassurer l’acheteur. Il se dira qu’il ne s’est pas fait rouler dans la farine en achetant de la chèvre pour du mouton mais, sait-il seulement si la chair qu’il va consommer est saine ? Sait-il si les intestins de l’animal en question ne sont pas bourrés de parasites ? Si cette chair ne contient pas un taux de dioxine surélevé ou tout autre toxine d’origine animale ? De ces questions, il n’en a cure ou tout simplement, il ne veut rien savoir car il a acheté le kilogramme à 1.000 UM au lieu des 1.200 UM conventionnels. Il est vrai qu’avec la valse des prix que nous connaissons, la tendance est de plus en plus à aller vers le moins cher. Mais c’est connu : moins un produit est cher, plus il est de qualité médiocre. La question est de se demander pourquoi il n’existe pas de services d’hygiène publique équipés et opérationnels sur toutes les places car, avec ces temps de soudure, il n’est pas impossible qu’il vienne à l’esprit de certains malins de proposer des viandes de quelques carnivores errants que nous connaissons tous et qui sont légion à Nouakchott. Ce sera la faute au «moins cher» dira-t-on. Mais ce serait tellement facile. Alors…
Biri N’Diaye


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