Santé : Alerte à la vue   
23/03/2008

Il existe de plus en plus une tendance des citoyens mauritaniens à vouloir régler par eux-mêmes leurs petits ennuis de santé. Ce phénomène plus que périlleux a malheureusement l’air de se banaliser. Après les cachets de «Paracétamol» que l’on se procure sans difficultés chez le boutiquier, le sirop que l’on obtient sans ordonnance chez le pharmacien, voilà que l’on se met à vouloir corriger soi-même les défaillances visuelles. Et là, c’est très grave !



«J’y tiens comme à la prunelle de mes yeux!». Cette expression que l’on entend souvent dans la bouche de certaines personne fait allusion à un organe d’une extrême importance et auquel on tient beaucoup. Le choix de l’œil dans cette expression traduit tout le caractère vital qu’il occupe dans la physiologie humaine. Les yeux servent à faire percevoir par le cerveau la réalité du monde. Chaque jour, l’on se lève pour contempler la beauté de la nature, l’on exécute mille et un gestes dans un confort et un naturel très logique sans se soucier que deux  boules de gélatine tournant dans leurs globes sont  à l’origine de ces facultés. En fait, l’on ne mesure effectivement l’importance cruciale de l’œil que quand pour une raison ou un autre, la vision devient défaillante ou inexistante. Ceci pour dire que les yeux doivent être protégés et préservés de toute négligence. Malheureusement, cette vérité est royalement ignorée par le commun des mauritaniens.
De bien vilaines habitudes
Non contents d’ignorer la protection des prunelles, continuellement exposées aux vents et à la poussière qui ne font pas défaut sous nos cieux, ils se sont mis depuis quelques années à essayer de corriger leur vision en portant des lunettes correctives achetées à de vils prix et sans aucune ordonnance, encore moins d’indications fiables ou en empruntant le temps d’une lecture les lunettes de l’ami ou du voisin sans aucun souci. La pratique est surtout perceptible chez des individus ayant dépassé la quarantaine dont physiologiquement parlant la vision baisse le plus naturellement du monde. C’est le phénomène de la presbytie selon Mohamed Ould Ahmed, Technicien Supérieur de la Santé en ophtalmologie à l’Hôpital Cheikh Zayed : «C’est un phénomène parfaitement normal lié à l’âge. Il intervient le plus souvent à partir de 40 ans mais en Afrique, on rencontre fréquemment des individus dont l’âge varie entre 38 et 39 ans, atteints de presbytie.»  En fait, le souci réside dans le fait que sans se poser de questions, plusieurs personnes ne pensent nullement à aller consulter un ophtalmologue dès qu’ils n’arrivent plus à déchiffrer aisément les lignes d’écriture, le mécanisme d’un appareil quelconque ou simplement le chas d’une aiguille.
Ces gens se rendent tout bonnement chez les vendeurs de lunettes bon marché qui pullulent à Nouakchott et s’offrent une paire de lunettes de correction dont ces derniers se permettent parfois même de préciser le degré de puissance. C’est le cas de Elimane Kébé , vendeur de lunettes tenant boutique au rez-de-chaussée de l’immeuble de la BMCI : « Nous rendons un grand service à plusieurs personnes en leur fournissant des lunettes à 1.000 UM le prix . Ça n’est pas cher ! En plus, avec l’expérience que nous avons, nous savons tout de suite la paire qu’il faut à chacun. Il suffit qu’ils les essayent jusqu’à tomber sur les  bonnes lunettes.» Cet aveu fait sans le moindre état d’âme, en dit long sur la pagaille qui règne sur le secteur de l’optique.

 Le danger n’est pas bien loin

 Ces vendeurs de vision ont investi un secteur laissé à l’abandon par la politique sanitaire et ces différents avatars. Ils en usent et abusent dans le plus grand danger des utilisateurs. C’est pour cela que le technicien en ophtalmologie pense qu’il y’a quelque chose à faire : «Les gens font une erreur en achetant ou en portant des lunettes qui ne leur sont pas prescrites par un médecin. Lorsque l’on ne parvient plus, à bien voir, il faut se faire consulter par un spécialiste. C’est ce dernier et lui seul, qui sait ce qui vous convient. De plus, il y’a des risques que l’on encourt en portant des lunettes sans prescription médicale. Le patient peut tomber sur des degrés plus forts que sa presbytie ou le contraire. Cela peut dégrader plus rapidement une vision ou créer chez le patient des céphalées chroniques ou une tendance à connaître des vertiges.»  En tout état de cause cette situation a le mérite de dresser un constat : tous les organes de notre physionomie ont leur importance dans le bon fonctionnement de notre organisme mais, toujours est-il que l’on peut s’accommoder d’une hernie au flanc, d’une carie dentaire, d’un ulcère de l’estomac que l’on calme avec un antalgique bidon quand la douleur devient insupportable. Mais, l’œil, l’œil si on l’endommage, on le perd et pour de bon. Alors, il faut que les responsables de la santé mettent un haro sur cet état de fait, fort préjudiciable pour les yeux de nos compatriotes.

  Biri N’diaye


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