La rébellion à dominante touareg du nord du Mali a réclamé lundi 16 mars une rencontre avec la médiation algérienne et les partenaires internationaux pour "améliorer" l’accord de paix paraphé le 1er mars par le gouvernement, qualifié de "bonne base de travail".
Un premier document publié lundi synthétisant les points de vue des participants à la réunion de la rébellion dans son bastion de Kidal (extrême nord-est) la semaine dernière jugeait "fondamentalement insuffisant" l’accord d’Alger "par rapport aux revendications du peuple de l’Azawad", en référence à l’appellation de cette région du Mali par les rebelles. Ce texte réclamait "une reconnaissance et la réparation par l’Etat malien des différents crimes qu’il a commis depuis 1963 dans l’Azawad", et "une reconnaissance de l’Azawad en tant qu’entité politique, juridique et territoriale", comprise dans l’accord d’Alger au seul titre "réalité humaine", sans contenu politique explicite. Mais dans une "déclaration finale" ultérieure lundi, au ton plus positif, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) "renouvelle vivement ses remerciements et sa confiance à la médiation internationale, ayant comme chef de file l’Algérie", allant jusqu’à remercier "le gouvernement malien pour sa disponibilité maintes fois affirmée" à rechercher une solution négociée. Disant tirer les enseignements d’une "large consultation ayant regroupé des milliers de participants" du 12 au 15 mars à Kidal, la CMA estime que l’accord "n’a pas pris en compte les éléments essentiels des aspirations légitimes des populations de l’Azawad", selon cette déclaration signée pour la coordination par Bilal Ag Achérif, un des chefs politiques du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Considérant que "le document produit par la médiation constitue une bonne base de travail qui mérite d’être améliorée dans l’intérêt supérieur de la paix", elle sollicite "une rencontre avec la médiation et les partenaires internationaux concernés, en vue d’échanger sur la suite du processus". Après le premier document, des sources proches des discussions et des sources diplomatiques européennes assuraient d’ailleurs que la rébellion n’avait pas dit son dernier mot, ces dernières annonçant l’envoi d’une délégation mardi à Kidal "pour faire avancer les choses". Une source diplomatique française a indiqué à l’AFP avoir "l’impression que ceux qui étaient à Alger, et qui ont donc vécu la négociation, étaient assez tentés" de signer, estimant qu’"en revanche ceux qui sont sur le terrain, qui n’ont pas participé aux négociations, sont beaucoup plus négatifs". "L’idée, c’est d’avoir le maximum de gens dans l’accord. Qu’il y ait une ou deux fractions qui restent à l’extérieur, c’est sûrement inévitable mais il faut minimiser cette dissidence", a-t-on ajouté de même source. La pression, déjà forte sur les rebelles pour signer, s’est intensifiée à la suite de l’attentat anti-occidental du 7 mars à Bamako, revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a fait cinq morts: trois Maliens, un Français et un Belge. Une délégation de diplomates européens et de responsables de la représentation de l’Union européenne à Bamako se rendra "à Kidal mardi si tout va bien, pour faire avancer les choses", a affirmé à l’AFP un membre de la délégation. La CMA, comprenant le MNLA, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), la Coalition des peuples de l’Azawad (CPA) et une branche du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), avait demandé le 1er mars un "délai raisonnable" pour consulter sa base après avoir exigé en vain des amendements au document. Cet accord vise à créer les conditions d’une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d’indépendance du pays, en 1960. Une prochaine rencontre entre la rébellion à dominante touareg du nord du Mali et la médiation internationale sera décisive pour le sort de l’accord de paix d’Alger, a indiqué mardi 17 mars à l’AFP un porte-parole rebelle, au terme de discussions avec des diplomates. "La rencontre s’est très bien passée à Kidal", fief rebelle à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako, où s’est rendue mardi une délégation de diplomates occidentaux et africains accrédités au Mali, a dit Mohamed Ag Arib, un porte-parole du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). "Une prochaine rencontre entre nous et les médiateurs sera décisive pour la signature de l’accord", paraphé le 1er mars à Alger par le seul camp gouvernemental, a ajouté ce membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), sans évoquer de date ni de lieu, après le départ de la délégation. "La médiation nous a dit qu’il n’y aurait pas de négociation d’un nouvel accord. De notre côté, nous disons que nous avons des amendements qui seront pris en compte, par exemple, sur le plan institutionnel, sur le plan politique et sur le plan de la défense et la sécurité", a-t-il indiqué. Ces amendements placent les groupes rebelles au coeur du développement et de la sécurité des trois régions du nord du Mali, selon lui, que la rébellion désigne par le terme d’Azawad.(Afp)
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