Il m’accompagne, comme mon ombre. Mon univers permanent. Il m’enferme, me possède. Mais il m’écoute. Je m’y réfugie. Il devient mon salut, mon amusement, mon passe temps… Je lui parle quand je veux : le tutoie, l’engueule …comme je peux.
« Tu me déroutes, cher compagnon, tu m’esquintes même bien des fois. Tu me fascines aussi. Tu me séduis tout le temps ; et moi je te déteste souvent. Mais n’oublie jamais : Ne me quitte pas ! Et chante-moi ça à chaque pas. Arrête tout de même de m’envoyer des messages illisibles, sur ces murs tracés par ces éclaireurs ou ardoisiers cyclistes inconstants, qui roulent sans se soucier des suivants, des autres, sans savoir comment. Ils changent d’allures, de routes, de visages, sans aviser, sans raison ». Et le peloton derrière ? Il ne suit pas. Eh oui ! La « tribu » s’enfiche éperdument. Ces changements de profils à profusion, de caps, ne l’intéressent pas. Même quand il y’a chutes, les gars crient silencieusement en écrivant « j’aime ». C’est vous dire, leur je-m’en-foutisme, qu’ils s’en moquent en fait. Comme il est vraiment dingue, le monde de « facebook », le monde virtuel ! Complexe, prenant, collant, déroutant ? C’est certain. Interactif ? Oui. Associatif ? Oui. Mais : Qui y connait qui ? Qui y fait quoi ? Qui aime qui? Kham, personne ne sait. Je m’y trouve, amusé, intégré…et, en même temps, paumé, sans repères. Les nuages m’enveloppent, me brouillent, collent à ma peau. J’y vis en mouvement perpétuel. Avion sans pilote. Téléguidé par je ne sais quoi. J’y fonds, en stratosphère, au sein de ces cumulus, m’en alimente, en caméléon affamé, me nourrissant de bestioles qui tournoient aux cimes des fleurs, des acacias, poussant dans le ciel, dans mes rêves. Délicieux, papillons captés, emprisonnés, sacrifiés. Eh non ! Ils vivent. Ils bougent, dansent... Sur l’encre gluante de ma langue, sur la pointe douce d’une plume d’acacia, ils voltigent, brodent… s’en éloignent, attirés, piégés, par les « kalamivores ». Et Dieu sait qu’elle existe, cette belle race qui se nourrit de lettres magiques, de "kalam"*, d’images magnifiques, des fantasmes artistiques. Puis, dans ces va-et-vient poétiques aléatoires, les papillons reviennent toujours, se muant en caméléons voltigeurs. Je les vois, les croise, les retrouve… sous des formes d’expression multiples. Parfois amers, souvent doux, mais ils sont toujours là . Ailés, multicolores, plus ou moins prolifiques et profonds. Ô ! Qu’ils sont agréables à titiller, quand ils illuminent l’âme comme des éclairs… Très touchants même. Je les lis, je les sens, les caresse …dans les écrits, les mots, la musique, les images… Bref : Les partages. El Boukhary Mohamed Mouemel Juin 2014 *kalam: terme arabe qui veut dire: mot, parole.
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