Déclaration des cadres des partis d’opposition ayant participé au dialogue   
14/11/2011

Les cadres des partis A.P.P, EL Wiam, Hamam et sawab se sont réunis le samedi 12 novembre 2011 à 17 heures à l’hôtel Emirat de Nouakchott, pour évaluer les résultats du dialogue national qui avait regroupé leurs formations politiques avec celles de...



...la majorité présidentielle au cours de la période allant du 17 septembre au 19 octobre 2011.

Après distribution du texte de l’accord politique signé, la cérémonie d’ouverture a débuté par la lecture de versets du saint coran, suivie par un mot d’orientation prononcé par le président Messaoud Ould Boulkheir au nom de ses paires , mot au cours duquel il a rappelé les conditions dans lesquelles s’était déroulé ce dialogue ainsi que les défis auxquels il était confronté.

Il a en outre évoqué en détail les différents résultats auxquels ce dialogue a donné lieu, tout comme il a exhorté les cadres à assumer pleinement leurs responsabilités et à se mobiliser pour expliquer les résultats obtenus aux différents milieux populaires, en leur demandant de l’accompagner et de les défendre comme acquis indispensables en cette période d’évolution historique de notre peuple.

Les présidents Boydiel Ould Houmeid, Abdesselam Ould Horma et Mohamed Ould Lekhal ont à leur tour explicité davantage certains points de cette intervention. Les débats ont alors été lancés pour permettre à l’assistance d’exprimer ses points de vue, ses interrogations et questionnements éventuels sur l’accord en question. Les intervenants ont dès lors abordé et commenté dans l’ordre qui suit les thèmes traités dans document de l’accord:

1. L’unité nationale et la cohésion sociale

Les orateurs ont enregistré avec satisfaction le contenu de l’accord relatif à la focalisation sur l’unité nationale et la cohésion sociale à travers la reconnaissance de la richesse du caractère multiculturel de notre peuple, ce qui implique le droit à la différence qui a pour conséquence, à son tour, la consécration de l’arabe comme langue officielle du pays et la promotion et le développement de nos autres langues nationales.

Ils ont également salué l’enracinement de la citoyenneté comme seul modèle républicain d’identification, le rejet explicite de l’esclavage dans l’un des articles de la constitution ainsi que la nécessité d’affirmer une volonté politique claire d’éradication de ses séquelles et d’assurer aux couches les plus vulnérables de notre population des conditions de vie décentes. Tout comme ils se sont félicités des modifications constitutionnelles convenues dans ce cadre.

2. Renforcement de la démocratie, réforme de la justice, de l’audiovisuel et statut de l’opposition

Les participants ont apprécié à leur juste valeur : la mise en exergue du principe cardinal de séparation des pouvoirs, la consécration de la responsabilité du gouvernement devant le parlement, la réorganisation du conseil constitutionnel, la réforme de la justice, la garantie d’un accès équitable des acteurs politiques aux médias publics, ainsi que le réaménagement du statut de l’opposition démocratique.

3. Code électoral

Les cadres ont apprécié avec des égards particuliers l’avancée significative et novatrice consistant à mettre sur pied une CENI indépendante et permanente, investie de la mission de supervision de l’opération électorale dans toutes les phases de son déroulement, depuis la confection de la liste électorale et jusqu’à la proclamation des résultats provisoires et leur transmission au conseil constitutionnel pour leur proclamation définitive.

Une telle démarche garantira une totale transparence des élections et confortera les divers protagonistes politiques sur la fiabilité et l’honnêteté de celles-ci, ce qui est de nature à contribuer à la normalisation de l’exercice des activités démocratiques et à l’avènement d’une scène politique apaisée, respectueuse des règles du jeu politique et confiante dans l’arbitrage des urnes, ce qui ouvrira des perspectives énormes pour l’alternance pacifique au pouvoir.

Ils ont en outre constaté les importantes modifications apportées au code électoral, particulièrement en ce qui concerne l’élection des sénateurs, députés et conseillers municipaux, ainsi que l’augmentation significative du nombre des députés à l’assemblée nationale, l’introduction d’une liste de vingt sièges réservée aux femmes, en plus du maintien de l’alternance « genre » pour toutes les autres listes soumises à la règle de la proportionnelle, l’introduction de critères plus équitables pour le financement public des partis politiques et des candidats aux élections présidentielles, l’interdiction des candidatures indépendantes pour toutes les échéances autres que présidentielles, la criminalisation de la fraude, les entraves au nomadisme politique et les mesures visant à circonscrire le phénomène de l’inflation du nombre des partis politiques.

Ils ont par ailleurs salué la réorganisation de la H.A.P.A et la révision du mode de décompte des temps d’antenne accordés par les médias publics à l’opposition et à la majorité.

4. Alternance pacifique au pouvoir, place et rôle de l’armée

Les participants se sont réjouis, dans ce cadre, des résultats significatifs obtenus à travers la criminalisation des changements anticonstitutionnels et des coups d’état -qui sera inscrite dans la révision constitutionnelle envisagée - l’interdiction aux personnels des forces armées et de sécurité d’exercer toute activité à caractère politique et la définition d’un régime d’incompatibilité entre l’exercice de l’activité politique et de certaines hautes fonctions.

5. Bonne gouvernance, neutralité et professionnalisme de l’Administration

Les participants considèrent que l’adoption d’un code de transparence et de bonne gouvernance, le renforcement des promotions internes des fonctionnaires, la mise en œuvres des dispositions légales régissant la gestion administrative et l’introduction de dispositions traitant le cas des titulaires de hautes fonctions à l’expiration de leurs mandats, contribueront à l’efficacité de l’Administration, à sa neutralité, ainsi qu’à sa participation à l’instauration de la bonne gouvernance visée, qui sont autant de préalables à la poursuite des choix démocratiques, au renforcement de la crédibilité de l’Etat et à la réussite de ses politiques publiques.

6. Défis sécuritaires et lutte contre le terrorisme

Aucune contestation de l’analyse faite dans le document sur les hypothèques que font peser le développement des activités illicites et l’expansion du terrorisme sur les efforts de développement du pays, sur sa stabilité et sur la sécurité de ses concitoyens, n’a été formulée au cours des débats.

La nécessité de combattre de façon résolue ces défis et de procéder à une « concertation la plus large possible et à une mobilisation nationale destinées à soutenir nos forces armées et de sécurité pour faire face à toutes les formes d’insécurité et d’agression d’où qu’elles viennent » a également été partagée de façon consensuelle.

En guise de conclusions, les cadres se sont félicités et ont félicité les leaders de leurs partis respectifs pour les résultats du dialogue national et considéré les réformes convenues dans ce cadre comme étant des avancées majeures pour notre peuple pour lequel elles constitueront – au cas où elles seraient mises en œuvre – une transformation politique qualitative et un pas de géant sur le chemin du placement de notre pays à l’endroit qui lui sied dans le concert des nations civilisées, bénéficiant de la stabilité et de la bonne vision de leur avenir dont dépendent la sécurité et la paix sociale, ainsi que le développement économique.

Tout autre choix ne pourra mener qu’à l’anarchie, la confrontation, le versement du sang, la désintégration de l’Etat et de la société et l’ouverture d’un pavé pour les interventions étrangères, ce qu’aucun patriote soucieux de l’avenir et du devenir de son pays ne saurait tolérer. Les réformes convenues répondent, de surcroit, à la majeure partie des revendications que formulaient la classe politique, majorité et opposition confondues.

Pour toutes ces raisons, les participants lancent un appel pressant au gouvernement, à la majorité présidentielle et aux leaders des partis ayant participé au dialogue à l’effet d’accélérer leur suivi et la mise en œuvre de ces reformes dans les meilleurs délais possibles. Aucun effort ne doit être épargné dans ce cadre et aucune dérobade ne saurait être acceptée.

Ils invitent par la même occasion le peuple mauritanien, ses forces vives, sa classe politique de quelque bord qu’elle soit, ses leaders d’opinion et la société civile, à prendre conscience de l’importance de ces résultats et de contribuer positivement à leur concrétisation dans les faits. Ils s’engagent, en ce qui les concerne, à défendre fermement ces résultats, à les expliquer aux masses populaires et à sensibiliser celles-ci autour des avancées qu’ils représentent.

Les cadres considèrent, enfin, que ces remarquables résultats confirment de façon éclatante la pertinence du choix fait par les partis de l’opposition qui ont pris part au dialogue national et la justesse de leur vision, le dialogue demeurant pour tous ceux qui croient en la démocratie, la meilleure voie, sinon la seule, à même de permettre de parvenir - de façon civilisée - aux réformes et à la solution des problèmes nationaux.

Enfin, les participants ont vivement recommandé la nécessité de procéder à une mobilisation la plus large possible en vue de la réussite du meeting prévu le 19 novembre courant ainsi que des activités de sensibilisation programmées dans les différentes wilayas du pays.
APP

 

 


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