Ben Ali cherche l’apaisement et annonce son retrait en 2014   
13/01/2011

Le président Zine el Abidine Ben Ali, qui fait face à une vague de contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 1987, a ordonné jeudi soir 13 janvier aux forces de l’ordre de ne plus faire usage d’armes à feu contre les manifestants. Il a également annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2014.



"J’ai dit en 1987 qu’il n’y aurait pas de présidences à vie. Je le répète à présent: pas de présidences à vie. Je refuse de toucher à la Constitution, je ne changerai pas l’âge inscrit dans la Constitution", a-t-il dit.

La Loi fondamentale tunisienne fixe à 75 ans l’âge maximal pour se porter candidat à la présidence. Ben Ali est âgé de 74 ans et on s’attendait à ce qu’il modifie la Constitution. Le président, qui intervenait pour la troisième fois à la télévision depuis le début des troubles, a aussi promis la liberté de la presse et la fin des mesures de blocage de sites internet.

 "J’ai dĂ©cidĂ© d’une totale libertĂ© de la presse et de l’arrĂŞt des fermetures de sites internet", a-t-il dit. Le chef de l’Etat tunisien a Ă©galement ordonnĂ© une baisse des prix du pain, du lait et du sucre.

Dans un discours prononcé - une première pour le président tunisien - en arabe dialectal et non classique, Ben Ali a ajouté qu’il avait été "déçu" par certains responsables de son gouvernement. "Je ne suis pas le soleil qui brille sur toute chose", a-t-il poursuivi. "Je comprends les Tunisiens, je comprends leurs demandes. Je suis triste de ce qui se passe aujourd’hui, après 50 années au service de ce pays, mon service militaire, tous les différents postes, 23 années de présidence."
Des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu jeudi à Tunis et sa banlieue dans le cadre d’un mouvement sans précédent de contestation du régime, qui a fait 66 morts en un mois selon une ONG des droits de l’homme..
L’opposant Najib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP), a salué cette promesse et appelé à la création immédiate d’un gouvernement de coalition. "Ce discours est politiquement important et correspond aux attentes de la société civile et de l’opposition", a-t-il dit.
La  crise sera-t-elle dĂ©samorcĂ©e?

Les premières indications suggèrent que le discours télévisé chargé d’émotion de Ben Ali, qui a parfois semblé au bord des larmes, a reçu un accueil positif.

Des témoins rapportent que plusieurs centaines de personnes, ignorant le couvre-feu, se sont précipitées dans les rues du quartier de Lafayette pour fêter cette annonce, dans des scènes de joie contrastant nettement avec les affrontements entre manifestants et policiers dont ce quartier commerçant de Tunis avaient été le théâtre dans la journée.

On ne peut cependant écarter la possibilité que le mouvement de contestation, qui en est à sa quatrième semaine, s’amplifie, certains manifestants pouvant désormais considérer Ben Ali comme un président affaibli par l’annonce de son retrait à venir. Les informations en provenance de l’intérieur du pays, d’où sont partis les troubles à la mi-décembre, seront cruciales.
Quelle succession?
En novembre 1987, six semaines à peine après avoir été nommé Premier ministre, Ben Ali écarte du pouvoir Habib Bourguiba en s’appuyant sur un avis médical faisant état de la sénilité et de l’état de santé défaillant du président à vie et fondateur de la Tunisie moderne.

Elu sans adversaire en 1989 puis en 1994, il est reconduit pour trois nouveaux mandats de cinq ans en 1999, 2004 et 2009 avec des scores oscillant, malgré l’introduction du multipartisme, entre 99,4% et 89,62%.

En 2014, selon sa promesse, un nouveau président sera élu. Mais sa domination sur la vie politique tunisienne est telle qu’aucun successeur évident ne se profile. Certains analystes pensent que son gendre, Sakher Materi, a été formé pour prendre le relais.

Mais depuis l’éclatement des troubles sans précédent depuis 1987, toute personnalité issue du premier cercle aura du mal à faire l’unanimité.

L’opposition, elle, est faible et divisée. Certains opposants sont considérés comme des pantins manipulés par le pouvoir. Najib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP), apparaît aux yeux de diplomates occidentaux comme le leader le plus crédible de l’opposition.

D’autres opposants, comme Moncef Marzouki, qui préside le Congrès pour la république (CPR), vivent en exil en France.

Leur éventuel retour en Tunisie sera du reste l’un des tests de la sincérité des changements promis par Ben Ali.

D’autres candidats pourraient émerger des rangs de l’administration et satisfaire tant les partisans que les adversaires du président, dont certains vont se demander à présent s’il ira au bout de son mandat actuel. Des diplomates occidentaux le disent en effet en mauvaise santé, ce que démentent des officiels tunisiens.


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