Le prĂ©sident Aziz investi dans ses fonctions    
08/08/2009

Le PrĂ©sident Mohamed Ould Abdel Aziz Ă©lu le 18 juillet 2009 avec 52,47% des suffrages exprimĂ©s, a Ă©tĂ©  investi mercredi 5 aoĂ»t dans ses fonctions de PrĂ©sident de la RĂ©publique Islamique de Mauritanie. L’évènement n’a laissĂ© personne indiffĂ©rent de part sa particularitĂ©.



La Mauritanie retrouve de nouveau l’ordre constitutionnel. Le peuple a souffert de la crise mais au finish il sort victorieux et grandi.
 
La Mauritanie a vécu le mercredi 5 août 2009 un évènement historique. Ce pays à cheval entre le monde arabe et africain, carrefour des civilisations arabo-africaines a vécu un évènement grandiose. La cérémonie de prestation de serment s’est déroulée dans un stade « accessible à tous ». « Le président des pauvres, président du changement constructif » comme se plaisent à l’appeler ses partisans, a voulu ainsi pour permettre aux populations qui l’ont élu de prendre part et de vivre en communion l’évènement.
Nouakchott, la capitale mauritanienne a vĂ©cu les grands moments de l’investiture du prĂ©sident Ă©lu le 18 juillet dernier, investiture retransmise en direct sur les medias publics. L’ambiance Ă©tait Ă  son comble. Toute la ville Ă©tait dans l’effervescence des grands jours qui consacre l’installation par le Conseil constitutionnel du nouveau prĂ©sident Ă©lu de Mauritanie. C’est dire que l’investiture de celui qui a dĂ©posĂ© le premier prĂ©sident mauritanien dĂ©mocratiquement Ă©lu en mars 2007, a revĂŞtu un cachet populaire jamais Ă©galĂ©. Depuis les premières heures de la matinĂ©e, un important dispositif de sĂ©curitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©ployĂ© tout au autour et Ă  l’intĂ©rieur du stade olympique de Nouakchott.  Cependant jusqu’à 17 heures, ce stade de plus de 10 000 places n’était pas plein alors qu’une foule grouillait dehors cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment l’accès aux gradins. C’est lĂ  le manque d’organisation constatĂ© tout au long de la cĂ©rĂ©monie. MĂŞme certains journalistes n’avaient pas accès au stade et Ă©taient contraints de rebrousser chemin alors qu’il y avait de la place pour eux. Pour ceux qui avaient accès Ă  l’intĂ©rieur, ils Ă©taient accablĂ©s par l’interminable attente due au dĂ©marrage tardif de la cĂ©rĂ©monie (voir photos).
L’autre constat, c’est l’absence de l’opposition, notamment les candidats malheureux qui avaient contestĂ© les rĂ©sultats du scrutin. Dans une dĂ©claration commune, le FNDD et le RFD avaient estimĂ©, «qu’en dĂ©pit de l’avis juridique du Conseil Constitutionnel, la crise politique reste entière, Ă©tant donnĂ© que  le scrutin du 18 juillet 2009 n’a Ă©tĂ© ni libre, ni dĂ©mocratique, ni transparent, remettant fondamentalement en cause la volontĂ© des Ă©lecteurs».
 
Le moment tant attendu
 
A 18 heures, le président élu de Mauritanie arrive au stade. Il prend un bain de foule en faisant le tour du stade sur une pelouse synthétique pour saluer ses partisans venus nombreux prendre part à la cérémonie de prestation de serment du « président des pauvres ». Il sera ovationné, plébiscité par un public acquis à sa cause. C’était l’apothéose. Aziz qui a pris l’habitude d’haranguer les foules, n’a pas dérogé à cette règle devant un public debout comme un seul homme. Encore une fois, la popularité du nouvel homme fort de Mauritanie est visiblement incontestable. De sources sûres, jamais une prestation de serment n’a reçu un cachet si populaire. Aziz a tenu encore ses promesses devant les populations notamment des banlieues qui ont suivi l’évènement en direct.
Puis, le président Abdoulaye Wade du Sénégal et Amadou Toumani Touré du Mali arrivent à 18h30. La mise en place devient effective et le cérémonial pouvait commencer.
A 19h, la cérémonie officielle a démarré par la présentation des membres du Conseil Constitutionnel. Ensuite, c’est la relecture des résultats du scrutin présidentiel du 18 juillet, consacrant la victoire de l’ex-général, ex-chef de la junte, Mohamed Ould Abdel Aziz avec 52,47%. Il s’en suit la lecture du CV du nouveau président de la République. A 19h20, le président élu est invité par Abdallahi Ould Ely Salem, président du Conseil Constitutionnel à venir prêter serment devant les membres du bureau de ce conseil et devant les invités et le peuple mauritanien. Ce fut un moment solennel pour le nouveau Président et pour le peuple mauritanien qui vient de sortir d’une crise qui a longtemps pris tout un pays en otage durant 11 mois. C’est la fin du suspens.
 
L’adresse à la nation …
 
Après avoir prêté serment devant le Conseil constitutionnel, le Président Aziz signe le procès verbal d’investiture et s’adresse à la nation mauritanienne par un discours à travers lequel il a retracé les grandes lignes de son programme de gouvernance. «Au moment où je prends officiellement mes fonctions de Président de la République, je pense aux milliers de pauvres et de déshérités qui fondent sur notre programme électoral d’immenses espoirs pour avoir droit à une vie qui préserve leur dignité, leur honneur et leur fait oublier les spleens et souffrances qu’ils ont vécus pendant longtemps » a-t-il indiqué. Le nouveau président de la République a promis de « réformer l’administration » et d’accorder une « attention particulière au secteur de la justice ». Au plan sanitaire, le président Aziz a promis de mettre les services sociaux de bases au service des populations. «Les hôpitaux seront équipés du matériel technique nécessaire pour que les soins soient toujours à la portée de tous les citoyens, partout dans le pays » dira-t-il afin d’assurer la couverture sanitaire à tous les citoyens. Pour répondre à la forte demande de l’emploi pour les jeunes, Mohamed Ould Abdel Aziz dira que «notre système éducatif sera réformé. Cette réforme permettra d’améliorer sensiblement le niveau de formation et son adaptation aux exigences du marché du travail et de la recherche scientifique ». Et pour les femmes, « Nous encouragerons, à travers des programmes ciblés, l’émancipation de la femme afin qu’elle joue un rôle prépondérant dans le développement économique et social, et dans la lutte contre la pauvreté ». Autrement, donner à la femme mauritanienne la place qui est la sienne. Toujours dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, le Président Aziz dira qu’une attention particulière sera accordée au «désenclavement de nos régions dans le cadre d’une politique visant à créer les infrastructures nécessaires au développement du pays ». L’éradication de la pauvreté constitue pour le maître des lieux, « un objectif à atteindre dans les meilleurs délais ».
Au plan militaire et sécuritaire, le Président s’attellera à «la réorganisation de l’armée nationale et des forces de sécurité afin qu’elles soient capables de remplir leurs missions dans les meilleures conditions ». Quant à la lancinante question du terrorisme, «Nous ne ménagerons aucun effort pour lutter contre le terrorisme et ses causes afin que notre société demeure ce qu’elle a toujours été par le passé : une société paisible et tolérante qui ordonne le convenable et interdit le blâmable». Une question qu’il promet de lutter avec la plus grande fermeté compte tenu de la menace terroriste qui plane sur le pays.
Sur un autre registre Mohamed Ould Abdel Aziz a promis de mettre un terme à la corruption et à la gabegie. Des phénomènes qui ont gangrené la société mauritanienne depuis plus de 40 ans dira-t-il.
Sur le plan international, une politique étrangère efficace sera prônée «grâce à une diplomatie efficace et proactive » afin de « renforcer la coopération avec les pays frères et amis ». Toutefois, des efforts seront consentis pour contribuer « à l’édification du Grand Maghreb Arabe » mais également une « attention particulière sera accordée à la coopération avec les pays voisins, à la redynamisation du dialogue arabo-africain et au renforcement des relations de coopération avec l’Union Européenne ».
A la question palestinienne la Mauritanie ne ménagera aucun effort pour « renforcer toute initiative visant la création d’un Etat palestinien indépendant et la récupération de toutes les terres arabes spoliées ».
Le président de la République a terminé son discours en remerciant vivement le Guide de la Jamahiriya Arabe Libyenne Mouamar Khadafi, président en exercice de l’Union Africaine, le président Wade du Sénégal, l’un des véritables artisans du règlement de la crise politique mauritanienne ainsi que, le président du Sénat mauritanien, président par intérim de la République, la communauté internationale, les acteurs politiques mauritaniens, les invités et tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la résolution de la crise politique mauritanienne consacrant la fin d’un feuilleton qui a défrayé la chronique pendant presque un an.
C’est sur cette note que la cérémonie consacrant l’installation du nouveau président, Chef de l’Etat de la République Islamique de Mauritanie dans ses fonctions a pris fin dans un stade au rythme de « Aziz Aziz Aziz ».
Cette cérémonie de prestation de serment s’est déroulée en présence du Chef de l’Etat sénégalais, Me Abdoulaye Wade, du président malien Amadou Toumani Touré, de la vice présidente de Gambie, de Alain Joyandet, Secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération représentant le président Nicolas Sarkozy, du président du Sénat espagnol, du président du Conseil de la Oumma Algérien, du Premier Ministre marocain, du Directeur de Cabinet du Président Tunisien Ben Ali, des représentants de la Ligue des Etats arabes, de l’OCI et de l’Union Africaine ainsi que d’autres personnalités de la communauté internationale et du corps diplomatique accrédité à Nouakchott.
Reportage Ibou Badiane
 
Réactions
 
Ils ou elles ont dit …
 
Mme Marième Daddah, ex première dame de Mauritanie : Beaucoup d’émotion, beaucoup de joie dans cette manifestation la première à laquelle j’assiste depuis 1978, depuis le coup d’Etat qui a chassé le président Mokhtar Daddah du pouvoir. J’ai assisté à la cérémonie avec beaucoup de joie et beaucoup de plaisir et de fierté. Je pense que c’est un bon départ pour la Mauritanie. C’est sûr que le nouveau président de la Mauritanie ne nous décevra pas. Nous devons tous l’aider, toutes les bonnes volontés d’où qu’elles viennent.
Et je fonde mes espoirs sur les engagements et les réalisations qu’avait faites le nouveau président. Comme j’ai dit à un de vos collègues, agir sans complexe avec l’histoire c’est très important pour le pays parce que tout le monde sait, tous les historiens savent qu’aucun avenir n’est possible sans un passé connu et reconnu. Or, il a eu le courage, il a une très bonne volonté de faire et je pense que c’est un signe positif qui permet d’avoir de l’espoir.
 
Sid’Ahmed Ould Raïss, directeur de campagne d’Aziz : C’est la victoire de la démocratie. Je crois que c’est tout le peuple mauritanien qui gagne et j’espère que demain, le président fera de très bonnes choses pour l’ensemble du peuple mauritanien.
 
Ahmed Ould Bah, ministre de l’éducation nationale:
C’est un sentiment de fierté, d’honneur. Le pays est sorti de la crise en organisant des élections transparentes et démocratiques de l’avis de tout le monde. Et aujourd’hui, la normalité est revenue. On a un président de la République élu au premier tour par le suffrage universel. Aujourd’hui le mauritanien peut se satisfaire par ce retour à la légalité.
 
Hamadi Ould Meimou candidat malheureux : Je souhaite en tout cas qu’il y ait beaucoup de bonheur, de prospérité pour le peuple mauritanien tout entier, dans toutes ses composantes et au niveau de toutes ses régions. Je pense que le discours du président de la République est un discours plein d’espoir pour le peuple mauritanien. Mes sentiments sont des sentiments de fierté pour notre pays qui vient de vivre encore une fois une expérience démocratique intéressante qui s’est traduite par des élections que vous avez certainement suivies. Je suis tout à fait satisfait des élections pour le bien de tous les Mauritaniens.
J’étais candidat mais dans une élection il faut qu’il y a un vainqueur et un vaincu. Mais je pense contribuer au développement de mon pays en association avec ceux qui m’ont soutenu mais également sur un plan personnel.
 
Sy Adama, ministre du développement rural : J’éprouve des sentiments de fierté pour le peuple mauritanien qui vient de sortir d’une crise de la façon la plus solide possible et la plus mature et dans un esprit de fraternité et de cohésion.
 
Mohamed Ould R’Zeizim, ministre de l’intérieur : Je n’ai rien à dire. J’ai participé seulement à cette cérémonie d’investiture mais je n’ai rien à dire parce que mon groupe politique n’est pas d’accord sur les résultats des élections.
 
Ahmed Ould Hamza, président CUN : Je n’ai pas d’impression à donner. Je suis là au titre de magistrat de la ville. Mon parti boycotte, donc je suis là en tant que maire de la ville. Hamza n’est pas là c’est le maire qui est là.
 
 
Abderahmane Ould Sid’Ahmed, notable de la région de l’Assaba
: J’ai suivi durant toute la campagne le candidat Aziz. D’après ce qu’il a fait et d’après ses promesses, on a confiance qu’il fera quelque chose pour la Mauritanie. Mais je félicite le président sénégalais Me Abdoulaye Wade qui a tout fait pour que la crise mauritanienne trouve une solution. Je félicite également son ministre des affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, qui a été l’artisan principal dans ces négociations sans oublier le Guide Ghadafi. Nous attendons maintenant la mise en place d’un gouvernement jeune, actif qui pourra relever les défis de l’heure et répondre aux attentes des mauritaniens. On ne veut plus de coup d’Etat parce que depuis plus de 40 ans, le pays vit au rythme des coups d’Etats.
Propos recueillis par I. Badiane


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