La réaction du front de l’opposition par rapport aux résultats du scrutin présidentiel du 18 juillet 2009 est bien étrange et signe probablement la rupture de la plupart des dirigeants de ce front, avec la chose politique pour les années à venir.
Pourtant, en dépit des arguments avancés ici et là , il est incontestable que ces élections ont été les plus transparentes parmi celles organisées jusqu’ici dans ce pays. D’ailleurs, l’expérience au fil des années aidant, les citoyens ont montré une discipline exemplaire pendant les opérations de vote tant et si bien que tout observateur était admiratif. Il y a quelques années, on pouvait aisément voir de petits groupes se former à proximité des bureaux de vote, groupes qui s’adonnaient à l’orientation des électeurs et qui vérifiaient la fidélité des personnes aux consignes données. Cette fois-ci ces groupes ne se sont pas formés, signe que les électeurs étaient mieux édifiés sur leurs intentions et qu’ils prenaient conscience de leur rôle relatif dans la fin du scrutin. Que n’a-t-on pas entendu cette folle nuit de veille électorale pour tenter de justifier les écarts! Bulletins de vote intelligents, capables de se transformer en bulletins discriminatoires en quelques minutes, bulletins sublimatoire, capable de faire disparaître des signes de vote comme avec une encre sympathique ! Ou encore, les caisses ont été changées durant la prière du crépuscule par les gardes ! Les bruits ont couru cette nuit là comme dans une folie collective au sein des groupes de sympathisants , incapables de comprendre l’abstention des candidats de l’opposition à diffuser les résultats au fur et à mesure qu’ils arrivaient… alors qu’ils entendaient les youyous de joie chez l’autre camp à quelques pas de là ! Non décidément, le front anti Aziz, constitué au lendemain des accords de Dakar a fait preuve d’une grande imprudence dans son initiative de condamner d’avance les résultats inexorables qui les narguaient avec une régularité frappante au fil des heures qui passent cette nuit là . La décision de contester les résultats était –elle justifiée ? Les preuves manquent terriblement et seules les présomptions de fraude peuvent accommoder les arguments tenus par les contestataires. Y a-t-il eu un tour de passe-passe magique réalisé par Ould Abdel Aziz et ses équipes dans ce scrutin ? Difficile à imaginer pour des raisons évidentes et je crois qu’il est inutile ici de revenir sur tous les garde-fous mis en place de façon paritaires par les parties prenantes pour garantir la régularité du scrutin. En réalité, si tour de passe-passe il y a eu, c’est au travers de la stratégie développée de manière scientifique par le Général et qui a consisté avant tout à rompre avec la typologie des messages archaïques que tout le monde diffuse massivement à l’électorat pendant les campagnes précédentes et même durant cette dernière. Alors que les candidats du tandem opposant ont privilégié une campagne centrée sur le tout sauf Aziz, celui-ci a frappé les cœurs et les esprits en mettant en avant son concept de bonne gouvernance centré sur la lutte contre la corruption au sein de l’administration et des affaires et en démontrant que ces maux étaient la véritable cause de la misère qui enserre les 95 % des mauritaniens… et surtout en isolant, en tous les cas en apparence, les intermédiaires traditionnels de la politique les plus connus dans toutes les campagnes durant plus de 20 ans et que ses belligérants n’ont pas hésité à recruter avec pompe pour marquer les électeurs potentiels . Il s’agit d’un risque calculé que Ould Abdel Aziz n’a pas hésité à prendre en dépit même des suggestions au sein de ses équipes et des acteurs politiques qui jugeaient qu’il s’acheminait vers un suicide certain. Les candidats du front se sont- ils donc trompés de campagne ? Assurément oui! Et c’est ce qui explique le cuisant échec qu’ils ont enregistré dans cette élection… A cet égard, j’aimerais rappeler ici le cas du parti socialiste français à la fin des années 90 et le coup de massue électoral connu de tous quand le candidat Jospin connu pour son idéalisme d’universitaire irréductible, a été relégué à la troisième place derrière le candidat du Front National de l’époque , au premier tour des présidentielles , situation dont le parti socialiste ne s’est pas relevé à ce jour. En fait, les candidats du front croyaient la victoire facile : ils avaient tous misé sur ce qu’ils espéraient un acquis politique pour la Mauritanie, au travers de l’ «échec du coup d’état », de la supposée fragilisation du Général «intransigeant jusqu’alors» au titre des accords de Dakar, dans l’opinion et bien entendu des messages spécifiques, souvent des messages communautaires, que chacun des candidats a cru convaincants pour s’attirer les voix de l’électeur mauritanien ! Erreur donc de jugement et erreur de calcul tout simplement… Je pense que Ould Abdel Aziz, connu pour être peu prolixe, a surpris plus d’un durant ses derniers discours politiques admirablement structurés et chargés de signes d’espoir pour les populations, et qui ont en réalité ravagé les rangs adverses, condamnés ceux là à prendre le contre-pieds en adoptant une stratégie défensive et surtout diffuse face à l’électorat. Maintenant, quel sera l’avenir politique d’une contestation du scrutin par les challengers d’Ould Abdel Aziz ? La réponse n’est pas aisée, mais elle s’affirme de manière claire et sans ambages…
La communauté internationale jusqu’ici « aux côtés de l’opposition », à moins de disposer de preuves irréfutables, n’a d’autre choix que de reconnaître les résultats, cela d’autant que le pays ne peut plus rester en file d’attente éternellement pour poursuivre son développement. Les électeurs ne suivront pas le mouvement, du moins au vu de ce que l’on peut observer sur la scène politique et sociale, et une contestation organisée sous le signe de mouvements civils sera contreproductive pour des raisons évidentes…
En réalité, le long parcours des leaders politiques de l’opposition mérite une autre fin que l’oubli et l’exclusion, voire le mépris de l’opinion. Hommes connus pour leur patriotisme et leur engagement auprès de leur pays et de leurs concitoyens pendant près d’un demi siècle sin non plus, Ould Boulkheir et Oud Daddah se doivent tous de nous donner une preuve de sagesse et de retenue au moment où notre pays en a le plus grand besoin .
Mohamed Nacer Ould Moctar Nech
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