M. Ba M’Baré, président du Sénat et «président de la République par intérim» depuis le 15 avril 2009 après la démission du chef de la junte (et la constatation, huit mois après le putsch du 6 août, par le conseil constitutionnel mauritanien de la «vacance du pouvoir»), a signé le 23 juin 2009 un décret convoquant le collège électoral pour la présidentielle du 18 juillet 2009.
L’organisation de cette présidentielle avait été confiée par l’accord de Dakar au gouvernement d’union nationale (GUN) déjà formé et pouvant être mis en place parce que ne figurant pas parmi les sujets objets de désaccord.
Le désaccord portant exclusivement sur le statut du Haut Conseil d’Etat (junte) au cours de la courte transition devant précéder la présidentielle envisagée. Le nouveau décret ouvre une période de 72 heures pour le dépôt des candidatures (entre le 24 et 26 juin) pour la présidentielle, au moment où le GUN n’est pas en place et que le gouvernement de la junte qui l’est, ne jouit pas de la confiance de l’opposition.
Cette décision est justifiée en apparence par des insinuations ressassées contre l’opposition qui jouerait -selon les soutiens de la junte-, sur un report de la présidentielle de juillet. Ainsi que sur l’impératif de reprendre l’initiative après le report du 6/6.
Elle est intervenue au moment où les trois pôles signataires de l’Accord revenaient de Dakar après un nouveau round infructueux de négociations sur le statut du HCE. Aussi, la convocation du collège électoral, malgré des obstacles dans la mise en œuvre de l’Accord et à la veille de l’arrivée en Mauritanie du président Wade et du président de la commission de l’Union Africaine, quoique s’inscrivant dans l’Accord semble également destinée à amener l’opposition à demander un nouveau report au lieu de rester aggripée à la dissolution du HCE, sinon la pousser (et c’est valable pour un autre candidat gênant comme Ely Ould Mohamed Vall) à boycotter le futur scrutin.
«Le pôle de la junte multiplie comme toujours les manœuvres et les provocations comptant sur certains appuis militaires comme si on evoluait vers une confrontation armée», a commenté un observateur. Ainsi ce pôle qui dirige la Mauritanie à partir de ses sièges de campagne électorale a demandé au «président par intérim » Ba Mbaré de signer un décret convoquant le collège électoral au moment même où l’ex statut jugé «illégal et pirate» de Ba M’Baré devait être légalisé par l’accord de Dakar au terme de la démission volontaire du président constitutionnel renversé qui consacre réellement la vacance du pouvoir et ouvre constitutionnellement la voie à un intérim légal du président du Sénat à la tête de l’Etat
En participant à la dernière réunion de Dakar après avoir annoncé son boycott, ce pôle faisait seulement la concession de participer et s’est cramponné au refus de toute autodissolution ou réaménagement du HCE. Certaines capitales occidentales et maghrébines soutiennent la junte dans cette position. Les dernières négociations ont donc tourné en rond. Mais la médiation internationale compte se déplacer de nouveau en Mauritanie dés le 24 juin pour tenter encore de rapprocher les points de vues, cette fois, au plus haut niveau, avec une rencontre Aziz-Sidi.
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