Quelques dizaines de parlementaires mauritaniens ainsi que des dirigeants politiques et des militants opposés au coup d’Etat du 6 août, ont organisé le 22 avril un sit-in à l’Assemblée nationale. Ils ont dénoncé la répression ainsi que l’agenda électoral unilatéral de la junte militaire au pouvoir depuis le 6 août 2008 et qui prépare un scrutin présidentiel le 6 juin 2009 auquel les candidats ne se bousculent pas.
Le sit-in s’est tenu à l’appel du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah et du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD, coalition de partis, syndicats et organisations opposés au putsch), deux grandes mouvances politiques nationales qui ont déjà annoncé leur boycott de la «mascarade du 6 juin». La violente répression menée le 19 avril par la police contre une manifestation de femmes parlementaires et des militantes anti-putsch devant la représentation des Nations Unies à Nouakchott a également été dénoncée au cours du sit-in marqué par la présence de plusieurs femmes parlementaires.
Le sit-in a vu la participation de M. Ahmed Ould Daddah chef de l’opposition démocratique institutionnelle mauritanienne et celle de Mohamed Ould Maouloud président en exercice du FNDD en plus de 42 parlementaires mauritaniens, dont 28 du FNDD et 14 du RFD. Au cours du sit-in, les intervenants ont dénoncé les atteintes aux libertés et l’agenda unilatéral de la junte promettant de lutter et de sacrifier leurs vies s’il le faut, pour faire échouer cet agenda. Le sénatrice Malouma Mint El Meidah (par ailleurs une diva de la chanson mauritanienne) a relaté au cours du sit-in, les violences dont elle fut victime au cours de la manifestation du 19 avril, soulignant que ce genre de pratiques s’inscrivent peut être dans le cadre de la «Mauritanie nouvelle» promise par le général Ould Abdel Aziz. Elle a appelé les mauritaniens à se méfier de cette «Mauritanie nouvelle». Le député RFD Abderrahmane Ould Mini (photo, à droite) a dénoncé la «Seiba» (en français, pagaille) qui caractérise le contexte actuel et appelé les mauritaniens à consentir des sacrifices. «Les sacrifices ne doivent pas faire peur, car si c’était le cas, je ne serais parmi vous» a-t-il dit.
Le député Ould Mini ancien capitaine de l’armée avait participé au putsch du 8 juin 2003 et tenté un deuxième putsch en septembre 2004. Arrêté, il a condamné en février 2005 à la réclusion à perpétuité. Il fut amnistié en septembre 2005 avant d’être élu député à l’assemblée nationale en novembre 2006.
"L’Assemblée nationale est le symbole de la démocratie, de la justice et de l’égalité. Pour cela, je suis là pour soutenir votre combat et dire que la Mauritanie mérite de nous des sacrifices pour la sauver des conséquences de l’agenda électoral unilatéral et rétablir la démocratie", a déclaré Messaoud Ould Boulkheir le président de l’assemblée nationale, lors de ce sit-in.
Le président de l’assemblée nationale a retrouvé à cette occasion le perchoir qu’il boycottait depuis le coup d’Etat du 6 août 2008 qui a renversé le premier président mauritanien démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis le putsch, avait annoncé le 15 avril qu’il le quittait pour se présenter à la présidentielle du 6 juin. Mais aucune indication n’est disponible cependant, sur sa démission de l’armée.
Le général Ould Abdel Aziz a entamé avant sa démission une campagne électorale avant l’heure, en organisant des meetings à Nouakchott et à l’intérieur de Mauritanie suite auxquels les medias d’Etat -qui ont renoué depuis le putsch avec la langue de bois et le manque de vergogne- le présentaient comme «le président des pauvres» qui va construire une "Mauritanie nouvelle".
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