M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le président mauritanien démocratiquement élu en mars 2007 et renversé le 6 août 2008 par un putsch militaire; présenté comme un «Mouvement de Rectification », a déclaré le 16 avril, que la démission du chef de la junte militaire le général Mohamed Ould Abdel Aziz de la présidence de la junte (et pas de l’Armée) était "une ruse", dont l’objectif, est "d’usurper le pouvoir par les urnes, après l’avoir confisqué par la force".
Sans annoncer sa démission de l’Armée mauritanienne dans son discours du 15 avril , le général Ould Abdel Aziz avait annoncé seulement, qu’il "démissionnait" de ses fonctions "de président du Haut conseil d’Etat (HCE, junte) et de chef de l’Etat", pour être candidat à l’élection présidentielle anticipée du 6 juin, que l’opposition démocratique boycottera.
La junte militaire qu’il présidait et le gouvernement qu’il dirigeait sont restés en place. "Il a annoncé (...) qu’il se présenterait aux élections dont il a décidé, tout seul, de la date et des conditions d’organisation, en attendant qu’il en dispose des résultats", a commenté Sidi Ould Cheikh Abdellahi le président constitutionnel renversé.
"La démission du général est une ruse qui ne trompe nullement le peuple mauritanien, ni la communauté internationale et dont l’objectif est d’usurper le pouvoir par les urnes, après l’avoir confisqué par la force ", a-t-il annoncé.
Le président renversé a accusé le général Ould Abdel Aziz de mener "une campagne électorale avant l’heure, régie, non pas par la Constitution et par les lois, mais bien par ses seuls caprices".
"Le général a prétendu avoir réussi à atténuer les souffrances des populations, alors qu’il n’a fait qu’exploiter les retombées, du reste très relatives, de la baisse des prix enregistrée au niveau international, suite à la chute du cours du pétrole (...), a déclaré M. Ould Cheikh Abdallahi.
"Les mesures annoncées par les putschistes (...) sont nulles et sans effet (...) car le poste de président de la République n’est pas vacant".
Ci-dessous le communiqué rendu public par le porte parole du président constitutionnel renversé par les armes.
Communiqué de presse du Porte-Parole du Président de la République (renversé par putsch militaire)
République Islamique de Mauritanie, Cabinet du Président de la République, Le Conseiller Porte-parole du Président de la République.
Dans un discours diffusé, en primeur, sur les ondes d’une chaîne de télévision internationale, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé, dans la nuit du mercredi dernier, sa démission des fonctions dans lesquelles il s’était autoproclamé après son coup d’état du 6 aout 2008.
Dans le même discours il fit part de sa décision de se présenter aux élections présidentielles, celles fixées par un agenda conçu unilatéralement et unanimement rejeté par les formations politiques majeures du pays ainsi que par toutes les instances et organisations chargées par la communauté internationale de suivre l’évolution de la crise en Mauritanie. En réaction à ce discours, je voudrai apporter les précisions suivantes : 1- La « démission » du général est une ruse qui ne trompe nullement le peuple mauritanien, ni la Communauté Internationale et dont l’objectif est d’usurper le pouvoir par les urnes, après l’avoir confisqué par la force armée, faisant semblant d’ignorer que la porte par laquelle il tente de s’infiltrer est cadenassée en vertu de la Constitution et des décisions de la Communauté Internationale qui rejette l’agenda unilatéral, et par la volonté des mauritaniens qui n’accepteront jamais de légitimer l’accaparement du pouvoir par la force.
2- Le général a prétendu qu’il démissionne « en respect des lois », tombant ainsi, de son propre gré, dans un piège énorme.
Qui peut croire, en effet, que celui qui a osé violer la Constitution de la République – la loi fondamentale, source de toutes les lois et de tous les règlements - puisse respecter ces mêmes lois ?
3- Le général n’a même pas pu cacher, ne serait-ce que pour un laps de temps, son souci de garder le pouvoir, ni faire de son adresse un discours de démission et patienter un moment avant de reprendre son comédie.
Il s’est empressé au contraire d’annoncer sa candidature dans le même discours et de supplier les gens de voter pour lui, battant ainsi une campagne électorale avant l’heure régie, non pas par la Constitution et par les lois, mais bien par les seuls caprices du général !
De la sorte le général prouve, une fois de plus, sa piètre mesquinerie. Comment peut-il, en effet, demander aux gens d’avoir confiance en lui et de croire à ses élections, lui qui a méprisé leurs voix et piétiné leurs choix lors d’un scrutin dont tout le monde a attesté de la régularité et de la transparence ?
4- Le général n’a même pas été capable de faire une bonne mise en scène à sa prétendue démission. Ainsi, non seulement il a déclaré avoir l’intention de revenir rapidement au pouvoir, mais également il a tenu le même langage que dans ses discours précédents ; c’est-à -dire le langage de la menace et de l’intimidation. Le général se trahit donc et confirme, sans le vouloir, que sa démission n’est qu’une mise en scène et qu’il est bien décidé à poursuivre l’exercice du pouvoir usurpé.
5- Dans son discours, le général a procédé - comme à son habitude – à la minimisation de l’histoire de la Mauritanie, vilipendant tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays et dénaturant les vérités.
Il a prétendu avoir réussi à atténuer les souffrances des populations, alors qu’il n’a fait qu’exploiter les retombées, du reste très relatives, de la baisse des prix enregistrée au niveau international, suite à la chute du cours du pétrole de près d’un quart (1/4).
Il a osé également prétendre qu’il n’y a pas de détenus d’opinion, alors que le Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf et les dirigeants du FNDD détenus avec lui n’auraient jamais été inquiétés s’ils avaient approuvé son sinistre forfait ou avaient gardé le silence, auquel cas ils auraient bénéficié de la considération octroyée à certains de leurs collègues ; les critères du clientélisme, de la flagornerie et du courtage politique étant les seuls que le général s’évertue à mettre en application depuis qu’il a usurpé la pouvoir.
6- Le général a essayé, comme à son habitude également, de s’attribuer les retombées d’initiatives et d’activités engagées par l’Etat mauritanien sous l’égide de la légalité.
Aussi, le Président de la République, Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi :
Premièrement : réaffirme que les mesures annoncées par les putschistes et les institutions à la solde concernant le Poste de Président de la République sont nulles et sans effet, au regard des faits et de la loi, car le Poste de Président de la République n’est pas vacant ;
Deuxièmement : invite les militants du Front National pour la Défense de la Démocratie, toutes les forces démocratiques et l’ensemble du peuple mauritanien à poursuivre leur lutte pacifique pour la restauration de la légalité constitutionnelle et à faire face aux plans du général visant la pérennisation du kidnapping de la Mauritanie et de la confiscation des choix de son peuple.
Troisièmement : appelle tous les protagonistes mauritaniens à œuvrer ensemble pour amorcer un dialogue national en vue d’aboutir à une solution consensuelle, qui respecte la Constitution de notre pays et les conventions qui l’engagent, observe les décisions de la Communauté internationale et permet à la Mauritanie de sortir du cercle vicieux des coups d’Etats militaires ;
Quatrièmement : appelle les partenaires extérieurs de la Mauritanie à poursuivre leur appui à la lutte du peuple mauritanien pour consacrer la démocratie, restaurer la légalité constitutionnelle et opérer ses choix nationaux loin de toute contrainte.
Nouakchott, le 16 avril 2009
Ahmed Samba Ould Abdellahi Ould Samba
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