La rafle policière se poursuit : Le Premier ministre constitutionnel ramené à Nouakchott   
13/11/2008

M. Yahya Ould Ahmed Waghf le Premier ministre constitutionnel renversé  par le coup d’Etat militaire du 6 août, qui Ã©tait  en résidence surveillée à Moudjeria, 500 km à l’Est de Nouakchott, a été ramené le 13 novembre dans la capitale mauritanienne,  par la brigade chargée des crimes économiques.



Plusieurs autres personnalités ont été arrêtés le même jour   dans le cadre de cette  affaire présentée comme relevant de «détournements».
Selon le procureur de la République Mohamed Abdellahi Ould Tiyeb (photo), l’enquête engagée par les autorités militaires porte sur la gestion de la compagnie Air Mauritanie, en liquidation, et l’achat de produits alimentaires «périmés» dans le cadre d’un programme spécial d’intervention  (PSI) engagé en 2007-2008 sous l’autorité de Ould Ahmed Waghf.
Le procureur, a affirmé détenir des "documents sérieux" sur ces deux affaires, dont ceux livrés par les liquidateurs agréés de la compagnie Air Mauritanie qui révèlent "des opérations de sape touchant les biens sociaux et des écritures comptables erronées ayant conduit à la faillite de cette compagnie". En plus du Premier ministre renversé, quatre autres anciens directeurs d’Air Mauritanie dont , Ould Hamoud,  Ould Biye,  Ould Khattri et Ould Vilali ont été arrêtés.
Au niveau du dossier ,relatif au PSI,  la police a également interpellé Madame Hawa Djibril ex-commissaire adjointe au Commissariat  à la Sécurité Alimentaire (CSA) ainsi que Mohamed Ould Abidine directeur administratif du CSA et M. Camara, responsable des stocks du même commissariat
Dans une conférence de presse, tenue mardi 11 novembre à Nouakchott, Yaghoub Ould Moine député RFD (pro-Putsch)  président d’une  «commission d’enquête» parlementaire sur le PSI, avait preparé le terrain affirmant que des "dépassements importants" ont entaché la gestion du PSI  et que les résultats de l’enquête seront présentés lors de la réunion plénière de l’assemblée  au cours d’une séance publique, en prélude à la présentation du dossier devant la justice. Curieusement,  ce dossier a été finalement présenté à la justice avant le parlement.
Concernanat le dossier d’Air Mauritanie,  les observateurs notent que les enquêteurs semblent se focaliser sur une période déterminée, ciblant essentiellement des gestionnaires opposés au putsch du 6 août dans ce qui s’apparente de plus en plus à une véritable chasse aux sorcières préconisée par de nouveaux «Blé Goudé» de la junte militaire.
Les  deux  uniques avions de la compagnie Air Mauritanie avaient été immobilisés le 5 septembre 2007 en France  suite à une procédure engagée par International Lease Finance Corporation (ILFC), société américaine de crédit-bail  pour un montant non remboursé de 2, 7 millions de dollars.  Qui est réellement à l’origine des déboires d’Air Mauritanie, parmi la dizaine de directeurs généraux qui se sont succédés à sa tête ? Qui contracté la  dette  de l’ILFC? Qui a réellement profité de la liquidation d’Air Mauritanie ? Telles sont les questions auxquelles les enquêteurs se doivent d’apporter des réponses.
La mauvaise gestion, l’incompétence  et les détournements des deniers publics figurent  parmi les  plus grands problèmes  de la Mauritanie. Le Commissariat aux Droits de l’Homme à la Lutte Contre la Pauvreté et à l’Insertion (CDHLCPI) mis lui aussi en liquidation, dans le but de masquer dit-on, de très gros  détournements,  est, à cet effet, la plus grande illustration de la gabegie. Des subventions destinées à des ONG, étaient  virées par le CDHLCPI dans des comptes de personnes physiques. Des financements ont été attribués à des auberges fictives. Des puits inexistants ont  servi d’alibis pour décaisser des financements CDHLCPI.  Idem pour  des salles d’alphabétisation et des alphabétiseurs chimériques ainsi que des mutuelles de crédit factices.
"La bagatelle de 250 000 000 d’UM  a été dilapidée au CDHLCPI dans le cadre d’un prétendu programme national de lutte contre la mendicité", avait conclu en  2006,  l’Inspection Générale de l’Etat (IGE). Plus grave, la RABITA des Oulémas (association d’hommes de religion)  était  impliquée dans le détournement des fonds de ce  programme de lutte contre la mendicité et avait à l’époque, sur injonction de l’IGE  restitué au Trésor public, la somme de 10 000 000 UM.
Mohamed Abbe Ould Jeïlany,  l’Inspecteur Général de l’Etat (IGE) qui avait succédé à Ould Horma , a été demis le 23 septembre 2008 de ses fonctions. Selon des sources médiatiques, un litige l’avait opposé  à quelques hommes d’affaires, parents du Général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte.
Ould Jeilany avait  requis, -sans succès- auprès des autorités, l’usage de la force publique pour obliger certains  opérateurs mis en cause à collaborer avec l’enquête. Sa demande était restée  lettre morte. Et il a été viré.


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