Le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, qui bute à des difficultés inextricables chez lui au Sénégal avec un processus politique ponctué de graves secousses, des accusations d’affairisme et des atteintes aux libertés, s’est dit mercredi 22 octobre en désaccord avec le fait d’imposer des sanctions internationales à la Mauritanie pour obliger les auteurs du putsch d’août 2008 à rétablir dans ses fonctions le président élu et renversé.
"Moi, je ne suis pas d’accord sur les sanctions", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d’une conférence sur le travail à Dakar, tout en indiquant sans ambiguïté que le Sénégal désapprouvait le renversement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi intervenu le 6 août dernier. Comment alors rejeter une partie des conséquences du coup d’Etat en Mauritanie tout en se disant contre la destitution par coup d’etat du président mauritanien renversé ? Le président sénégalais ne s’est pas expliqué là dessus ! "Les sanctions n’atteignent jamais les dirigeants (..) depuis qu’on les applique, ça n’a jamais touché un dirigeant. Un dirigeant a tous les moyens d’y échapper, lui et sa famille. Ce sont les peuples qu’on sanctionne", a déclaré le president Wade . Les mauritaniens opposés au coup d’Etat pensent de leur coté que les sanctions, « surtout si elles sont ciblées, ne toucheront que les putschistes et leurs proches entourages : les interdictions de voyager ne toucheront qu’eux, car ils sont les seuls à pouvoir passer leurs vacances hors du pays et à pouvoir se soigner dans les hôpitaux étrangers. Le gel des avoirs dans les banques étrangères ne les touchera qu’eux car ils sont les seuls à avoir pillé les ressources nationales et à avoir caché les fortunes illicites ainsi accumulées à l’étranger. Le gel des transactions bancaires ne touchera que les commerçants et hommes d’affaires qui les soutiennent et blanchissent leur argent » Exprimant le souci de prendre en compte le maintien du parlement mauritanien, M Wade a déclaré: "il y a quand même des institutions qu’on ne doit pas ignorer, il y a l’assemblée nationale et le sénat. Ce qui s’est passé en Mauritanie, ce n’est pas la même chose que ce qui se passe ailleurs. (...) dans ce pays, il y a des institutions qui sont là , on ne les a pas dissoutes, il faut leur demander leur avis." Mais selon un analyste politique le président Wade n’a pas pris en considération les réalités mauritaniennes dans la mesure où les élections législatives et municipales organisées en Mauritanie en décembre 2006 et janvier 2007 avaient été organisées sous l’influence des militaires de l’ex-CMJD dont l’ingérence dans celles-ci a été maintes fois dénoncée au cours de la transition 2005-2007 par l’ensemble des partis politiques mauritaniens, pour lesquels, les militaires avaient favorisé, financé et encadré l’élection de parlementaires «indépendants » plus favorables aux militaires devenus entre-temps : Haut Conseil d’Etat (HCE-junte en août 2008) , qu’ à la démocratie.
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