Sur plainte du ministère de la Défense de la junte, l’ancien ministre Isselmou Ould Abdel Kader a été interpellé le 21 octobre par les services de la Gendarmerie Nationale . Ould Abdel Kader a été entendu au niveau de la Brigade mixte de Nouakchott sur les propos avancés lors de la première émission, réellement pluraliste, organisée par la Télévision d’Etat depuis le putsch militaire du 6 août.
Cette première émission diffusée il y a plus d’une semaine, avait tourné au fiasco et n’avait pu être retransmise, malgré la langue de bois favorable à la junte, débitée par des laudateurs aguerris et rompus à cette technique depuis l’époque de Ould Taya. Au cours de cette emission, Isselmou Ould Abdel Kader avait souligné le rôle du BAtaillon de la SEcurité Présidentielle (BASEP) dans les deux derniers coups d’Etat en Mauritanie , appelant le Général Ould Abdel Aziz à sauver les mauritaniens plus que jamais divisés par le putsch du 6 aout. Il avait également évoqué -mais sans le confirmer! - la présence d’éléments étrangers au sein du BASEP, lui donnant l’allure d’une "milice". Ces propos avancés au conditionnel, ont été utilisés par une faune de délateurs qui lui ont donné une connotation exceptionnelle, pour des considérations politiciennes et mesquines: plaire au maître du moment en faisant de l ’excés de zéle et rejeter toute opinion contradictoire et toute liberté d’expression. Aux dernieres nouvelles, l’audition d’Isselmou Ould Abdel Kader s’est achevée, il y a quelques instants et les gendarmes s’apprêtent à le présenter devant le procureur de la République de Nouakchott. A noter que le rôle du patron du BASEP , actuel chef de la junte au pouvoir, avait été à maintes reprises décrié par des hommes politiques mauritaniens. D’ abord par Ahmed Ould Daddah qui avait dénoncé le 21 mai 2007 son ingérence dans les prérogatives au président de la Republique et tout recemment lors de l’émission «le Débat Africain» de RFI du 31 août 2008, par Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée Nationale qui avait critiqué le rôle du BASEP dans la crise institutionnelle ayant précédé le coup d’Etat du 6 août : « Cette crise a été fabriquée et suscitée par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz . Elle a pris naissance au BASEP qui est sa base. C’est là , où elle a été suscitée chez les parlementaires», avait déclaré -sur les ondes de RFI- le président de l’Assemblée Nationale. «Les députés qui ont déposé la motion de censure ( …) prenaient leurs ordres au niveau du BASEP» avait-il précisé.
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