A peine revenue des Etats-Unis, ce dimanche 17 avril et bénéficiant d’un accueil chaleureux à l’aéroport de Nouakchott, Me Fatimata Mbaye, présidente de l’Association Mauritaniennes des Droits de l’Homme (AMDH) a livré, ce mardi 19 avril 2016 au siege ...
... de son association, un point de presse. A cette occasion, l’avocate, fervente défenseur des droits de l’homme est revenue sur cette cérémonie consacrée à la remise des prix décernés aux femmes leur rendant hommage pour leur engagement et leur distinction dans ce combat. Ce prix décerné chaque deux ans par le Département d’Etat américain à des femmes qui se sont illustrées dans leur engagement pour les droits de l’homme à travers le monde, concerne cette année 14 femmes issues des cinq continents et parmi lesquelles notre compatriote défenseur des droits humains et non des moindres, Me Fatimata Mbaye. Deux ministres ont également fait partie de cette distinction. Il s’agit de la ministre de la justice du Guatemala et celle des affaires étrangères du Yémen qui s’était engagée pour un cessez-le-feu et pour la signature d’un accord d’entente entre les différentes forces armées en guerre dans ce pays. Il s’y ajoute d’autres femmes qui se sont distinguée également dans leurs spécialités notamment des avocates, des magistrates, des professeurs qui travaillent dans leurs pays. A en croire Me Mbaye, «nous avons mis un accent particulier sur l’engagement des femmes au profit de leurs citoyens mais aussi sur la promotion des droits de l’homme » a-t-elle souligné. « Mais nous avons surtout mis un accent particulier sur les violences qui concernent autant la femme que la jeunesse » a-t-elle poursuivi. Selon Me Mbaye, l’accent a été également mis sur l’usage particulier néfaste qui persiste dans leurs sociétés et leurs pays respectifs tels que le mariage précoce, le viol, le harcèlement … et de tout autre sujet qui concerne les droits de l’homme tel que la liberté d’association et de mouvement qui cause problème. Tout simplement parce que la 14ème lauréate qui est une avocate chinoise n’a pas pu se déplacer parce que les autorités de son pays l’ont ciblée et voulaient l’éliminer physiquement malgré son handicape physique, et elle été interdite de voyager, a souligné Me Mvaye. Pour Me Fatimata Mbaye, l’obtention de ce prix est une « fierté pour mon pays ». C’est pourquoi, « je dédie ce prix à toutes les femmes mauritaniennes et à tous les défenseurs des droits humains en Mauritanie » a-t-il dit. Selon la lauréate, « parce que si nous sommes engagées et que notre travail est reconnu, ce n’est pas seulement du à nos efforts mais c’est aussi du à vos efforts de chacun de vous pris individuellement parce que sans vous, je ne pense pas que je pourrai aller très loin » a-t-elle soutenu non sans reconnaître l’appui de sa famille, des défenseurs des droits humains mais également des journalistes qui relaient l’information à travers le monde. Selon cette avocate des causes justes, « nous ne sommes pas là pour extirper ni retirer le pouvoir à l’Etat, mais nous sommes un contrepouvoir. Un contrepouvoir ne veut pas dire que nous sommes contre le pouvoir. Mais nous sommes contre le pouvoir en ce sens que le pouvoir doit assurer toute la liberté et l’égalité qu’il faut à ses citoyens pris ensemble sans aucune discrimination ni distinction entre les différentes communautés qui composent la Mauritanie» a-t-elle martelé. Et Me Mbaye d’insister pour dire que « nous continuerons de dire que tous les Mauritaniens ont le droit de vivre dans ce pays dans le respect de leur dignité, de leur culture, de leur personnalité et leur civilisation et nous avons un accent particulier c’est que tous les Mauritaniens jusqu’à aujourd’hui, sont considérés comme étant tous des musulmans». Ce qui selon toujours l’avocate, « doit constituer un ciment très fort pour nous unir et non pas pour nous détruire entre nous ». C’est en ce sens qu’elle dira que l’Etat doit assurer la vie et le développement et de protéger la dignité de tout citoyen mauritanien dans le territoire mauritanien. Ce n’est pas tout, Me Mbaye soutient que ce même Etat a l’obligation «de protéger toute autre personne qui vit sur le territoire mauritanien parce que tout simplement nous sommes une société humaine, valable un peu partout à travers le monde quelque soit son appartenance ethnique, religieuse, sa couleur et son origine». C’est à ce titre que Me Fatimata Mbaye a demandé à l’Etat mauritanien « de nous aider à construire une société démocratique, ouverte, basée sur le droit, sur le respect d’autrui et du citoyen mauritanien». Me Fatimata Mbaye a saisi cette même occasion pour faire le survole de la situation des droits de l’homme en Mauritanie notamment en faisant allusion au manque de respect des droits des citoyens dont certains risquent de devenir des apatrides faute d’Etat civil. Elle s’est aussi dite peinée par la situation des femmes qui vivent dans la précarité. Répondant à une question sur l’emprisonnement des journalistes en Mauritanie qui a défrayé la chronique de ces derniers temps, l’avocate bien qu’absente du pays en ce moment, a souhaité l’amélioration des lois, leur adaptation et leur harmonisation. Mieux, elle demande un toilettage des lois pour les rendre applicables. Elle a aussi exhorté aux journalistes de lutter contre les délits de diffamation. Car dans ce cas de figure, nos deux confrères, Jedna Deida et Babacar Baye Ndiaye ont été attaqués sur la base du code pénal. « Il y a toujours un problème dans le toilettage et l’harmonisation des textes » a-t-elle soutenu. Elle s’est également prononcée sur l’affaire de Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramdane, deux militants antiesclavagistes de l’IRA dont le jugement est en cours au niveau de la cour suprême. « Si aujourd’hui, l’Etat garantit la liberté d’association, il est aberrant de voir les défenseurs des droits humains dans cette situation. C’est insensé pour un Etat de reconnaître certaines associations et non d’autres et j’ai comme l’impression qu’il y a des lois qui sont prises non pas pour la Mauritanie mais pour satisfaire la consommation extérieure » regrette-t-elle-même si elle reconnaît que beaucoup d’étapes ont été franchies dans ce domaine. I.Badiane
|