Le Mouvement «Touche pas à ma nationalité» (TPN) créé il y a plus trois mois pour dénoncer le recensement jugé "discriminatoire" contre les noirs (notamment les négro-mauritaniens, parmi eux) est en train de gagner des galons et d’évoluer vers des revendications plus globales.
Après ses manifestations durement réprimées, TPN a organisé l’après-midi du 15 octobre un meeting devant la "Nouvelle maison des jeunes" de Nouakchott qui fut une occasion pour décliner les nouvelles orientations du Mouvement. «Touche pas à ma nationalité ne se contentera plus de dénoncer l’enrôlement» a déclaré Wane Abdoul Birane coordinateur du Mouvement qui a rappelé la présence millénaire des noirs en Mauritanie depuis l’Empire du Ghana et les Royaumes du Walo et du Fouta (zappant les Almoravides, au passage); et annoncé devant des centaines de sympathisants, des revendications relatives à l’enseignement des langues nationales «au même titre que l’arabe», le problème des terres agricoles «vendues aux libyens et saoudiens» , le découpage électoral qui fait qu’un député est élu « à 750 voix à Bir Mogrein et à 8000 voix à Selibaby» , ainsi que le partage du pouvoir et des richesses entre négro-mauritaniens et «arabo-berbères ». M. Wane a proposé une clé de répartition pour le partage du pouvoir : «Quand le président est arabo-berbère, il faut que le premier ministre soit un noir » mais n’a pas donné de suggestion pour la répartition des richesses. Il a dénoncé la délation faite entre les membres de TPN en vue de les diviser et des tentatives de corruption, récusant toute négociation avec un pouvoir qui «tire des balles sur les adolescents».
Le coordinateur de TPN a parlé du declenchement de la "révolution des négro-mauritaniens" et rappelé des périodes sombres notamment les exécutions de 1987, le mouroir de Walata, la déportation de «120 000 négro-mauritaniens» lors des événements de 1989 et les purges sanglantes menées en 90-91 contre les négro-mauritaniens au sein de l’Armée.
«Parcequ’il n’est plus possible de tuer, ils veulent la solution intelligente de la déportation administrative en nous privant de notre nationalité» a ajouté M. Wane. «Le combat que nous avons commencé, nous l’achèverons. Nous irons jusqu’au bout. Nous n’arrêterons jamais.» a-t-il martelé.
IOM
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